27/03/2023
Vous avez peut-être partagé cette vidéo virale de Kimberly “Sweet Brown” Wilkins déclarant à un journaliste, après avoir échappé de justesse à un incendie d’appartement : “Personne n’a le temps pour ça !”.
Peut-être avez-vous posté ce mème de la top-modèle Tyra Banks explosant de colère lors de l’émission “America’s Next Top Model” (“Je t’encourageais ! Nous t’encourageons tous !”). Ou peut-être avez-vous simplement posté des GIF populaires, comme celui du grand joueur de NBA Michael Jordan en train de pleurer, ou celui de la drag queen RuPaul déclarant : “Guuuurl…”.
Si vous êtes noir et que vous avez partagé de telles images en ligne, vous n’avez rien à craindre. Mais si vous êtes blanc, vous avez peut-être perpétué par inadvertance l’une des formes les plus insidieuses du racisme contemporain.
Vous portez peut-être un “blackface numérique”.
Qu’est-ce que le blackface numérique ?
Le blackface numérique est une pratique qui consiste pour les Blancs à coopter des expressions en ligne de l’imagerie, de l’argot, des slogans ou de la culture des Noirs afin de les rendre comiques ou d’exprimer leurs émotions.
Ces expressions, qu’un commentateur appelle des réactions racialisées, sont des piliers des fils Twitter, des vidéos TikTok et des bobines Instagram, et comptent parmi les mèmes Internet les plus populaires.
Selon Lauren Michele Jackson, auteure et critique culturelle, dans un essai paru dans Teen Vogue, le blackface numérique consiste pour les Blancs à jouer le rôle de Noirs. Selon Mme Jackson, l’internet se nourrit du rire des Blancs face à des manifestations exagérées de la noirceur, ce qui reflète la tendance de certains à considérer “les Noirs comme des hyperboles ambulantes”.
Si vous ne savez toujours pas comment définir le blackface numérique, Mme Jackson vous propose un guide. Selon elle, il s’agit de “manifestations d’émotions stéréotypées comme excessives : si joyeuses, si impertinentes, si ghetto, si bruyantes… notre cadran est sur 10 en permanence – il est rare que les personnages noirs aient droit à des traits de caractère ou à des sentiments subtils”.
De nombreux Blancs choisissent des images de Noirs lorsqu’il s’agit d’exprimer des émotions exagérées sur les médias sociaux – un fardeau que les Noirs n’ont pas demandé, dit-elle.
“Nous sommes votre culot, votre nonchalance, votre fureur, votre plaisir, votre agacement, votre danse joyeuse, votre diva, votre nuance, vos moments “yaas””, écrit Jackson. “Le poids de la réaction au GIF, point final, repose sur nos épaules.
[…]08/07/2021
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