Un tiers de la population française a un lien avec l’immigration. C’est le constat dressé jeudi par une étude démographique sur plusieurs générations qui offre une photographie inédite depuis une décennie en France, où les immigrés représentent désormais 10% de la population.
Ces derniers, définis par l’Institut de la statistique (Insee) comme des personnes “nées étrangères à l’étranger”, étaient 6,96 millions à vivre en France en 2021 (les précédentes données datent de 2011), soit 10,3% de la population.
C’est proportionnellement presque deux fois plus qu’en 1968 (6,5%), peut-on lire dans l’étude intitulée “Immigrés et descendants d’immigrés en France”.
Le lien avec l’immigration se dilue au fil du temps: parmi les descendants d’immigrés, ceux de la deuxième génération sont plus de 50% à n’avoir qu’un seul parent immigré.
Avec 11% de la population descendante de “deuxième génération” (7,3 millions sur 67,6 millions de personnes) et 10% de la population âgée de moins de 60 ans qui est un petit-enfant d’immigré, il y a une “diffusion dans la société” par “une mixité très importante en France”, ajoute-t-elle.
Les origines, elles, se diversifient. Là où les immigrés étaient surtout originaires d’Europe du Sud il y a cinquante ans, ils viennent désormais principalement du Maghreb, d’Afrique ou d’Asie.
Ainsi, les immigrés venant d’Espagne et d’Italie sont passés de 543.000 en 2011 à 531.000 en 2021, tandis que les Maghrébins représentent désormais 2 millions de personnes (1,63 million en 2011). Au total, près de la moitié des immigrés en 2021 sont originaires d’Afrique (3,31 millions sur 6,96).
– Moitié de femmes –
Autre évolution, les femmes représentent désormais la moitié (52%) de cette population (44% en 1968).
Si la croissance de l’immigration “est plus soutenue ces dernières années”, au niveau européen “la France se situe dans la moyenne”, derrière l’Allemagne ou l’Espagne, nuance Sylvie Le Minez.
En France, l’immigration se concentre dans les grandes agglomérations, précise l’étude, selon laquelle 20% de la population parisienne est immigrée, 32% en Seine-Saint-Denis.
Ces personnes, en particulier celles qui ne sont pas d’origine européenne, “occupent une position plus défavorable sur le marché du travail”, avec un taux de chômage de 13% en 2021 (8% pour l’ensemble de la population), des niveaux de salaire plus faibles et des emplois moins qualifiés.
– Plus nombreux à déclarer une religion –
L’étude note aussi que les personnes immigrées en France sont davantage attachées à une religion que le reste de la population, avec l’islam en première place et le catholicisme en troisième, après les autres confessions chrétiennes.
Les immigrés sont deux fois plus nombreux à “s’affilier à une religion” que les personnes sans ascendance migratoire, affirme l’Institut de la statistique dans son étude.
En 2019-2020, 58% des personnes de 18 à 59 ans sans ascendance migratoire sur deux générations ne déclarent pas de religion. Ce taux est de 21% chez les immigrés, définis par l’Insee comme des personnes nées étrangères à l’étranger et résidant en France, y compris celles qui ont acquis ensuite la nationalité française.
Sur la même période, “les musulmans représentent 10% de la population en France métropolitaine mais sont nettement plus présents parmi les immigrés (44%)”, selon l’étude.
Dans le détail, les immigrés se disent musulmans à 44%, à 17% fidèles d’une religion chrétienne autre que le catholicisme (protestants, orthodoxes…) et à 15% catholiques.
A titre de comparaison, dans l’ensemble de la population, 29% des personnes âgées de 18 à 59 ans se déclarent catholiques, 10% musulmanes, 9% se déclarent affiliées à d’autres religions chrétiennes et moins de 1% se disent de confession juive.
L’Insee rappelle que 26% des femmes musulmanes disent porter le voile.
Cette pratique concerne “36% des femmes musulmanes immigrées” et “17% des descendantes de deuxième génération”. Elle est devenue plus fréquente qu’il y a 10 ans (les chiffres étaient respectivement de 22% et 13%).
Ces données sont issues de l’enquête Trajectoires et Origines, “l’une des rares sources représentatives de la population résidant en France métropolitaine permettant d’étudier les affiliations et pratiques religieuses”, précise l’institut.
L’étude
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