Jugé mardi au tribunal judiciaire de Bordeaux, l’automobiliste Azis B., qui a sciemment renversé un pompier en exercice, a été condamné malgré «ses remords».
«Il fallait juste s’arrêter cinq minutes pour mettre en sécurité mon personnel. Ce n’est pas le bout du monde.» Trois jours après sa violente agression, le lieutenant du SDIS 33 est encore sous le choc. S’avançant en claudiquant à la barre pour témoigner en raison d’une douleur au genou due à l’attaque, le pompier – qui exerce depuis 1980 – l’assure au tribunal de Bordeaux : «J’ai eu une longue carrière, des opérations difficiles, mais là je ne comprends pas.» Une sidération toujours de rigueur, même après que son agresseur a été condamné à lui verser 2000 euros. Coupable de «violences aggravées par l’usage d’une arme», Azis B., qui a reconnu les faits, a écopé d’un an de prison. Il l’effectuera pour la première moitié à domicile, sous bracelet électronique, et pour l’autre sous la forme de six mois de sursis probatoire. Une peine assortie de la perte de son permis de conduire avec interdiction de le repasser dans les six prochains mois, d’une peine d’inéligibilité de 5 ans, d’une obligation d’indemniser sa victime et de se former, et d’un stage de citoyenneté.
Retour sur les faits. Ce samedi à 1h56, Azis B., qui conduisait une BMW prêtée et en règles, a sciemment choisi de redémarrer alors que le soldat du feu lui parlait du côté de la fenêtre passager, la main appuyée sur le capot. «J’ai senti qu’il voulait à tout prix passer, j’ai réitéré ma demande plusieurs fois», se remémore celui qui commandait l’extinction d’un feu de poubelles se propageant sur la façade d’une maison route de Toulouse à Bordeaux. En vain. Le prévenu, «pressé de rentrer chez lui après avoir fêté la rupture du jeûne du Ramadan», s’impatiente. Le quarantenaire qui assure «qu’il était dans un état d’esprit bienveillant» et sobre, l’a alors renversé et projeté au sol avant de prendre la fuite sans se retourner. Trois jours d’ITT ont été diagnostiqués au pompier, âgé de 63 ans, qui s’est constitué partie civile. La vidéo d’un témoin avait aidé à confondre l’automobiliste qui disposait de 12 points sur son permis de conduire. Selon nos sources, un peu plus tard dans l’intervention, une autre dame forçait le passage sans faire de blessé.
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