L’accès aux services publics en campagne reste insuffisant, et n’a pas assez progressé depuis 2019 et la crise des gilets jaunes, selon un rapport parlementaire publié jeudi. Résultat, les habitants des campagnes se sentent toujours plus abandonnés par l’État. Les espaces ruraux représentent 88% des communes françaises, 91,5% du territoire et 33% de la population avec 21,9 millions d’habitants, ce qui place l’Hexagone au second rang des pays les plus ruraux d’Europe derrière la Pologne.
Des médecins sur le départ qui ne trouvent pas de remplaçants, des maternités qui ferment, des transports trop rares, un réseau internet fluctuant…. Les services publics sont toujours aussi rares à la campagne, malgré les engagements de l’État et les initiatives locales. Depuis 2019, la présence de l’Etat en zone rurale n’a pas suffisamment progressé, suscitant un sentiment croissant d’abandon de la population, affirme un rapport parlementaire publié ce jeudi.
Plus de quatre ans après la crise des “gilets jaunes“, alors qu’une vague Rassemblement national a déferlé en juin dans les campagnes, le bilan de la lutte contre les déserts médicaux, du développement d’alternatives à la voiture ou de la couverture numérique – l’une des meilleures d’Europe sur le papier – reste “plutôt décevant”, note le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques. Malgré tout, la prise en compte des territoires ruraux “s’est améliorée“, ajoute l’instance dans son rapport.
“Beaucoup a été initié, mais les résultats tardent à se faire sentir et le sentiment d’abandon sur le terrain continue de croître“, écrivent les rapporteurs Mathilde Desjonquères, du MoDem, et Pierre Morel-A-L’Huissier, du groupe Liot). Ils ont évalué la mise en œuvre des 23 recommandations formulées en octobre 2019 dans un précédent rapport du CEC sur l’accès aux services publics en milieu rural.
“On note toujours et encore de l’anxiété, avec cette notion de recul des services publics et un sentiment d’absence d’action des pouvoirs publics“, a estimé jeudi Pierre Morel-A-L’Huissier, lors de l’examen du rapport.
En réponse à la crise des gilets jaunes, le gouvernement avait également présenté en septembre 2019 une liste de 182 mesures dans le cadre d’un “agenda rural“, sorte de feuille de route pour améliorer la vie dans les campagnes. Le rapport constate que la plupart des propositions formulées en 2019 font l’objet d’un “début d’application“.
Sur le numérique, la couverture du territoire s’est “nettement améliorée depuis 2019“, tirée par un plan ambitieux d’investissement dans la fibre. “Mi-2022, 98% du territoire était couvert par au moins un opérateur en 4G tandis que 77% des locaux étaient raccordables à la fibre”, écrivent les députés. Mais “raccordable ne veut pas dire raccordé”, dit à l’AFP Mathilde Desjonquères. Car ce déploiement à marche forcée ne doit pas masquer le fait que “la couverture en très haut débit des zones rurales demeure en deçà de la couverture des zones denses“.
Se pose aussi la question des derniers raccordements, plus coûteux et plus complexes, dans les zones d’habitat dispersé, mais aussi de la maintenance des réseaux avec la disparition programmée du cuivre en 2030. Sur la fibre, “il reste des zones où la connectivité est encore un peu difficile“, a reconnu Jean-Noël Barrot, le ministre chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, dans l’émission Ma France ce vendredi. […]
Sur le plan de l’accès aux soins, l’objectif d’un “seuil d’éloignement maximal des services d’urgence à vingt minutes” n’a, en revanche, pas “fait l’objet d’un début d’application“.