« Comment avez-vous pu dépouiller un enfant ? » Plus de deux ans après le cambriolage, Dorothée ne décolère pas. Les mots étouffés par ses larmes, elle détaille la découverte de sa maison. Jouets, vêtements, doudous, la chambre de son fils de 6 ans a même été vidée. « Vous avez tout pris, on n’avait même plus un caleçon. »
Difficile alors pour les trois victimes présentes d’entendre le discours des trois hommes soupçonnés d’avoir pillé leurs maisons. « C’était pour manger », affirme-t-on de l’autre côté de la barre.
Il aura fallu une demi-heure à la présidente du tribunal, Marie-Pierre Merle, pour égrainer la totalité des vols et recels reprochés aux neuf prévenus. Une quarantaine de vols et plus de 1.200 objets saisis montrent l’ampleur des faits. Bijoux, électroménagers, hifi, le détail est d’abord classique. Puis l’évocation d’un caïman empaillé, de piles usagées, d’un vibromasseur ou encore d’une flûte traversière prête au lever de sourcils. Comment ciblaient-ils le butin ? « Je ne pensais même pas à choisir », affirme Mourad dans le box.
Voleurs d’un côté, receleurs de l’autre
La division des rôles frappe dans la salle d’audience : Mourad, Omar et Abou Bakr, soupçonnés des cambriolages, sont en détention provisoire. Les cinq autres prennent la casquette de receleurs et comparaissent libres. Reste Mohammed-Amine, à qui l’on reproche trente-neuf vols et grand absent de ce procès.
Mahfoud, décrit comme acheteur de biens vendus, et Affif, comme destinataire de la plupart des objets à entreposer, nient aussi toute connaissance de ce trafic. Dans le box, les cambriolages sont reconnus, mais de la revente, rien n’est expliqué. (…)