Mocro Maffia (également orthographié Mocro-maffia), Mocro-oorlog et Mocro War sont les appellations génériques données aux organisations mafieuses marocaines, spécialisées dans le trafic de cocaïne et de drogue de synthèse et basées aux Pays-Bas et en Belgique.
24/04/2023
Inez Weski, 68 ans, l’avocate pénaliste la plus célèbre des Pays-Bas, a été arrêtée vendredi 21 avril et son bureau de Rotterdam a été perquisitionné. Cet épisode inédit dans l’histoire judiciaire du pays signe un nouveau rebondissement dans le combat entre la justice néerlandaise et la Mocro Maffia, le célèbre groupe criminel néerlando-marocain dont dix-sept membres présumés sont jugés depuis trois ans dans la banlieue d’Amsterdam. Me Weski est l’avocate de Ridouan Taghi, 45 ans, le chef présumé de ces trafiquants de drogue. Arrêté fin 2019 à Dubaï, il comparaît avec ses complices pour treize meurtres ou tentatives de meurtre, trafic de drogue et blanchiment.
Figure très controversée, adepte de longue date de la mode gothique, l’avocate est suspectée d’avoir facilité la communication entre le chef du réseau, incarcéré dans un quartier de haute sécurité, avec des membres de son groupe ou des relations de celui-ci, dont Raffaele Imperiale, un baron de la mafia napolitaine, arrêté aux Emirats arabes unis en 2021. Une fois sous les verrous, le mafieux, qui coordonnait le trafic de stupéfiants entre Dubaï et l’Italie, a fait des révélations compromettantes pour Ridouan Taghi.
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Des sources policières évoquaient, depuis plusieurs mois, le rôle trouble qu’aurait joué l’avocate, soupçonnée notamment d’avoir remis une clé USB contenant divers renseignements à son client. Certains de ses confrères évoquaient, pour tenter de la défendre, de possibles menaces qui auraient pesé sur elle.
Le procès – baptisé « Marengo » – de la Mocro Maffia, entouré de mesures de sécurité exceptionnelles (triple barrage policier, surveillance par l’armée, survol par un drone, avocats des parties civiles masqués, etc.) est entré dans sa dernière phase et doit, en principe, s’achever au mois d’octobre. La réclusion criminelle à perpétuité a été réclamée pour le dirigeant du crime.
Dans une ultime tentative pour retarder les échéances, Me Weski avait, il y a quelques jours, réclamé des auditions complémentaires. Notamment celle de l’un de ses confrères qui avait évoqué un projet des services de renseignement pour enlever ou éliminer Ridouan Taghi à Dubaï, avant qu’il soit finalement arrêté. Elle dénonçait, par ailleurs, les mauvais traitements qui auraient été infligés au truand lors de son transfert vers les Pays-Bas.
Le milieu des avocats est, en tout cas, ébranlé par une arrestation après l’assassinat, en 2019, de Derk Wiersum, 44 ans, défenseur d’un ex-membre de la Mocro Maffia qui s’était livré à la police et avait obtenu le statut de repenti. Ses deux assassins ont été condamnés à trente années de réclusion.
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23/10/2022
Pays-Bas, procès de la Mocro Maffia : Les droits de la défense permettraient au parrain, Ridouane Taghi de diriger son réseau depuis sa cellule
Devenue surpuissante, cible des autorités depuis 2012, la « Mocro » est tellement célèbre qu’elle a fait l’objet d’une fiction, une série tournée en 2018 et vue par des milliers de Néerlandais. Son principal dirigeant, Ridouan Taghi, 45 ans, né au Maroc et arrivé aux Pays-Bas à l’âge de 2 ans, a été arrêté en décembre 2021 à Dubaï, d’où il contrôlait le trafic de drogue dans les Emirats, avant d’être extradé. Il est actuellement jugé avec 16 de ses complices présumés, dont son bras droit, Saïd Razzouki, appréhendé par le FBI en février 2020 en Colombie. Les autres prévenus sont pour la plupart les hommes de main d’une organisation que Taghi a dotée de connexions dans le sud de l’Europe, en Amérique latine et dans divers pays arabes. Il aurait vécu en Iran et en Belgique, où divers clans de la Mocro Maffia ont mis la main sur le gigantesque trafic de cocaïne qui irrigue toute l’Europe à partir du port d’Anvers.
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Faire libérer Ridouan Taghi constitue, selon une source policière, le but de divers projets déjoués au cours des derniers mois. Outre l’enlèvement de personnalités, ces projets incluaient une attaque de l’institution ultra-sécurisée de Vught, dans le sud du pays, une « prison dans la prison » où le chef de la Mocro Maffia est incarcéré. Des membres du groupe criminel auraient également tenté de se procurer l’adresse de gardiens – eux aussi masqués désormais – qui approchent le détenu. Quant à Youssef Taghi, cousin et avocat du dirigeant de la Mocro, il a été arrêté à l’automne 2021 et est soupçonné d’avoir, lors de ses nombreuses visites à Vught, préparé l’évasion de Ridouan Taghi.
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Selon John van den Heuvel, du quotidien De Telegraaf, cela n’empêcherait pas le truand de continuer à communiquer avec l’extérieur. C’est ce journaliste d’investigation, lui-même sous protection policière, qui a été le premier à évoquer les menaces pesant sur la princesse Amalia. Les enquêteurs s’intéressent aussi de près à d’autres avocats de Taghi, qu’ils suspectent de servir de courroie de transmission avec l’extérieur, à moins qu’ils soient eux-mêmes menacés et forcés de collaborer avec leur client. « Nous n’avons pas d’indications suffisantes à cet égard », commente un membre du parquet national. La loi néerlandaise prévoit que tout détenu peut communiquer, par lettre ou par téléphone, avec ses défenseurs, sans contrôle de la justice ou de la police. « La question est désormais de savoir si la justice dispose d’assez de moyens, de possibilités et de courage, analyse Wil Thijssen, du quotidien De Volkskrant. La confidentialité [des échanges] est, bien sûr, solidement ancrée dans la législation mais le procès Marengo a déjà amplement prouvé que, parfois, la législation a des défaillances. »
Le criminologue Hans Werdmölder est plus catégorique : Nederland Narcostaat (« Pays-Bas Narco-Etat ») est le titre d’un livre (non traduit) qu’il a publié en février. Il y décrit la « naïveté » d’un pays prisonnier de son pragmatisme, qui a cru a une approche tolérante et à la distinction entre drogues dures et douces. Ses dirigeants, souligne le criminologue, n’ont pas vu qu’ils pavaient la voie à des « bandes criminelles sans conscience » en légalisant, au milieu des années 1970, la vente et la consommation de petites quantités de haschisch sans organiser la culture de celui-ci et l’approvisionnement des célèbres coffee-shops (il y en eut jusqu’à 1 500 dans le pays). L’Etat, selon M. Werdmölder, a ainsi laissé le champ libre à des mafias qui se sont très rapidement enrichies, avant que la Mocro se tourne vers les drogues de synthèse, puis vers la cocaïne. Dans le même temps, les moyens de la police restaient insuffisants et Wim van de Donk, commissaire dans le Brabant, résume la situation qui prévaut aujourd’hui : « Nous avons affaire à une autorité publique désorganisée face à une criminalité organisée. »
Merci à MarcelVincent
14/10/2022
Pays-Bas : Après le ministre de la Justice belge, l’héritière du trône et le Premier Ministre néerlandais menacés par la mafia marocaine
La pression s’accroît sur les personnalités néerlandaises, alors que dix-sept membres présumés de la « Mocro Mafia » sont actuellement jugés dans une enceinte ultrasécurisée de la banlieue d’Amsterdam.
La princesse héritière néerlandaise Amalia, 18 ans, a été placée sous haute protection à la suite des menaces d’attentat et d’enlèvement qui ont été proférées à son encontre. Elle a quitté son logement d’Amsterdam pour vivre au palais royal Huis ten Bosch de La Haye et ne sort pour se rendre à l’université que sous forte escorte. Tous les regards se tournent vers la « Mocro Maffia », la mafia néerlandaise de la drogue, qui a aussi menacé récemment le ministre de la justice belge, Vincent Van Quickenborne, évacué vers une maison sécurisée où il a passé plusieurs jours avec sa famille après la révélation d’un possible enlèvement le concernant lui aussi.
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Interrogé jeudi soir, le premier ministre, Mark Rutte, qui serait également ciblé par les criminels, a parlé d’une « terrible nouvelle, très violente, mauvaise pour notre pays ». Le chef du gouvernement a lui-même déjà fait l’objet de menaces à l’automne 2021. Après avoir refusé, il avait dû se résoudre à accepter une protection rapprochée à la suite de rumeurs d’un possible enlèvement ou d’un attentat. D’autres élus, ainsi que des journalistes et des magistrats, avaient également été menacés et protégés. L’assassinat, en juillet 2021, à Amsterdam, du journaliste d’investigation, Peter R. de Vries, très vraisemblablement victime de la Mocro Maffia, a eu l’effet d’un électrochoc. Auparavant, un avocat et le frère du témoin-clé dans un procès intenté contre des barons de la drogue avaient déjà été assassinés.
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Dix-sept membres présumés de la mafia néerlandaise de la drogue sont actuellement jugés dans une enceinte ultrasécurisée de la banlieue d’Amsterdam, dans un climat extrêmement tendu. Le chef de ce groupe ultraviolent, Ridouan Taghi, a réagi, jeudi, par l’intermédiaire de son avocate, aux informations le désignant comme l’instigateur des menaces contre la princesse et le chef du gouvernement. Il a parlé de nouvelles « fausses, infondées, absurdes ».