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689 affaires impliquant des officiers vont faire l’objet « d’un examen approfondi ». Le nouveau commissaire de l’institution, Mark Rowley, veut « retirer ce cancer » de ses troupes. Depuis la publication du rapport, des condamnations de policiers, auteurs de violences sexuelles, tombent. Un officier du Nord Londres, accusé de viol, récupérait des informations confidentielles sur des femmes grâce à la base de données de la police. L’homme de 26 ans vient tout juste d’être condamné par la London Crown Court. Jusqu’ici, Scotland Yard évoquait des « pommes pourries », des exceptions donc. Sauf que le rapport de la baronne Louise Casey, membre de la Chambre des Lords, sorti il y a quelques semaines, conclut que la police de Londres est « institutionnellement raciste, misogyne et homophobe ». Elle décrit un endroit ou règne « une culture de l’intimidation ». Elle dénonce aussi « la pression insupportable et l’incapacité de la direction à faire face à une série de scandales liés à des comportements répréhensibles ». Des victimes qui hésitent à se plaindre, par crainte de représailles.
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En dix ans, des accusations ont été portées contre plus de 1 800 agents. Treize ont été licenciés, soit 0,71 %. « J’ai honte », reconnaît le président du Conseil national des chefs de police, Martin Hewitt. En trente ans de carrière, le gradé n’a « jamais été aussi déprimé de faire partie de cette organisation ».
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Une série de scandales a déclenché cette purge. L’un d’entre eux a particulièrement épouvanté les Britanniques. La mort de Sarah Everard en 2021. La jeune femme marchait sur un trottoir dans le sud de Londres, Wayne Couzens l’a menottée, kidnappée, violée et tuée. Condamné à perpétuité cette année, le policier travaillait dans une unité de protection des personnalités au sein de la Met et avait déjà été écroué pour exhibition sexuelle. Il venait de recommencer quelques jours avant le meurtre. La police a fermé les yeux. Après l’effroi, place à la prise de conscience. Un déluge de plaintes, cachées sous le tapis, refont surface. L’affaire a permis de découvrir que près de 200 agents continuaient de travailler bien que reconnus coupables d’infractions. Résultat, le nouveau commissaire de la Met, nommé depuis six mois, déclare avoir augmenté de 70 % le nombre de licenciements et de 50 % la suspension d’officiers.
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C’est l’unité chargée de la protection des personnalités, diplomatiques et politiques qui bat tous les records. Celle où prospéraient Wayne Couzens, condamné pour kidnapping, viol et meurtre, et David Carrick, l’un des plus grands violeurs du Royaume-Uni. Le prédateur a sévi pendant presque vingt ans sans être inquiété et vient d’être jugé pour 48 viols. Elle « devrait être dissoute », préconise Louise Casey. Impossible de lister toutes les affaires en cours. Un comité de surveillance contrôle régulièrement des enquêtes mal gérées par la police. Comme le traitement à la légère du meurtre de quatre hommes homosexuels, violés et tués dans l’Est de Londres. Les conclusions se font attendre. Pendant ce temps, cinq des agents concernés ont été promus.
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Mark Rowley, le commissaire, refuse d’accepter le terme « institutionnel » dans les accusations faites contre la Met, il prononce pourtant une phrase effarante pour décrire ce qui est en train de se passer dans ses propres services : « Nous sommes en train de faire un grand pas en avant dans la lutte contre la criminalité. »