Demandeur d’asile depuis 29 ans en France, Jaouad Fellouk n’a désormais plus de chances d’obtenir les papiers qu’il désirait tant. En plein milieu de la nuit du 29 au 30 avril dernier, une nouvelle fois ivre, il a commis les violences de trop à l’encontre de sa compagne. Un déchaînement de coups – tête, poings, pieds –, doublé d’insultes, de crachats et d’une scène particulièrement humiliante et dégradante : interdite d’accès aux toilettes, cette dernière, qui fera valoir 45 jours d’incapacité totale de travail, est contrainte de déféquer et d’uriner dans la salle à manger… puis de nettoyer.
« En 20 années d’exercice, je n’avais jamais vu une telle victime de violences conjugales », confiait Me Drouilly, défenseur de la victime, devant le tribunal judiciaire de Troyes.
(…) Pour lui, déjà sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), c’est sa situation administrative, insoutenable selon ses mots, qui l’a poussé à commettre ces actes innommables. « Quand vous vivez 30 ans sans papiers, puis en étant privé de ressources, ça vous travaille la tête. » Avant d’ajouter plus loin : « Si j’avais eu mes papiers, je me serais trouvé sur le chantier et il n’y aurait eu aucune chance que je me comporte comme ça ».
L’ancien plaquiste, sans emploi depuis février 2020 et qui avait été recueilli justement par la victime, a tenté aussi d’expliquer les dessous de leur relation. Le plus souvent maladroitement, quand il évoque par exemple les tentatives de suicide de sa bienfaitrice, bipolaire, et qui a fait plusieurs séjours déjà à l’hôpital de Brienne-le-Château. « Je lui disais que si elle faisait ça, je serais le premier suspect, que j’irais en prison à cause d’elle », a-t-il relaté. « Vous vous rendez compte de ce que vous dites, Monsieur ? Madame dit qu’elle va se suicider et la première chose que vous lui répondez, c’est qu’elle va vous causer des problèmes et non qu’il ne faut pas qu’elle meure ? », lui a fait remarquer la présidente du tribunal.
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(Merci à René)