« Ma cliente a dû partir avec son fils car elle a peur des représailles. » L’ambiance était lourde, ce vendredi, au tribunal de Compiègne (Oise). Face aux juges, Bilal et Faysal, deux frères habitant le secteur des Maréchaux, dans le quartier de la Victoire. Mais point de victimes. « Terrorisées », selon leurs avocats, elles n’ont pas souhaité être présentes. Certaines n’habitent même plus dans la commune, chassées par un trafic de drogue avec lequel les deux prévenus du jour sont soupçonnés d’avoir des liens.
Les deux frères sont en effet loin d’être inconnus de la justice. Faysal a 26 ans et déjà sept mentions à son casier judiciaire pour des outrages, des rébellions, des menaces de mort. Il a également été condamné pour trafic de stupéfiants en 2020. Sans emploi, il vit chez ses parents dans le quartier. Bilal, 35 ans, cumule, lui, 19 mentions. Il a fait quatre ans de prison pour trafic en 2008 et été condamné, plus tard, à cinq ans de détention par la cour d’assises pour vol à main armée
Au pied de ces immeubles des années 1960, de multiples barres rangées en quinconce où les sentiers piétonniers mènent à des squares portant des noms de militaires illustres du XXe siècle, les habitants assistent au quotidien aux trafics qui se déroulent sous leurs fenêtres. Impuissants ou impassibles, la plupart du temps. Mais le 8 février dernier, deux femmes décident que trop, c’est trop. Elles vont trouver des revendeurs qui traînent devant une aire de jeux du square du Général-Guillaumat.
« Ils étaient en train de dealer. On était en colère, témoigne Justine au cours de son audition. On voulait faire jouer les enfants. Ma soeur est venue avec moi pour leur dire que ce n’était pas respectueux et qu’ils devaient aller ailleurs. » Les deux jeunes, mineurs, prennent la fuite. Présent sur les lieux, Faysal se lève alors et une dispute éclate. Le premier coup d’une longue série tombe. [ …]
Le procureur de la République, Guillaume Théobald, a requis huit mois de prison ferme contre Bilal et un an de prison ferme contre Faysal, avec mandat de dépôt. Le magistrat a également demandé que les deux prévenus soient condamnés à une interdiction de paraître à leur domicile et d’entrer en contact avec les victimes pour une durée de trois ans. Le tribunal rendra sa décision le 30 juin 2023. Dans l’attente du jugement, Bilal a été placé sous contrôle judiciaire. Son frère, lui, est incarcéré dans le cadre d’une autre affaire liée au trafic de stupéfiants.
