LR a désormais son « cabinet fantôme ». Eric Ciotti dévoile dans le JDD un « contre-gouvernement » alternatif à Emmanuel Macron pour défendre les idées du parti et bâtir un projet programmatique. Deux mois après le déchirement du parti à l’Assemblée nationale autour de la réforme des retraites, ce contre-gouvernement mêle toutes les tendances de LR. Nadine Morano à l’immigration, Michel Barnier en tant que conseiller spécial du Président pour les Affaires européennes, Florence Portelli à la culture … Mais le chef de file des frondeurs Aurélien Pradié, limogé de son poste de numéro 2, n’y figure pas.
Sous la houlette de la secrétaire générale de LR Annie Genevard, cette équipe d’une trentaine de secrétaires nationaux s’inscrit aussi dans l’effort de reconstruction de LR, à la fois affaibli par ses revers électoraux et devenu pivot grâce à ses quelque 60 députés pouvant apporter l’appoint à la majorité.
Le pôle régalien compte le vice-président de la région Ile-de-France Frédéric Péchenard (Intérieur), l’eurodéputée Nadine Morano (Immigration), et le sénateur François-Noël Buffet (Justice). Au pôle économique on trouve l’expert Christian Saint-Etienne (Economie et Réindustrialisation), ainsi que les députées Véronique Louwagie (Comptes publics), Valérie Bazin-Malgras (Entreprises) et Isabelle Périgault (Formation). La jeune garde de LR est également représentée avec les députés Julien Dive (Agriculture), Antoine Vermorel-Marques (Environnement) et Raphaël Schellenberger (Energie).
Dans ce contre-cabinet quasi paritaire (15 femmes, 17 hommes), les Droits des femmes reviennent à la conseillère de Paris Nelly Garnier et la Culture à la maire de Taverny Florence Portelli. Le député Philippe Juvin est chargé de la Santé et le sénateur Max Brisson de l’Education. Enfin les questions relatives aux Affaires étrangères sont suivies par Michel Barnier en tant que conseiller spécial du Président.
Le shadow cabinet est une tradition très institutionnalisée dans les pays anglo-saxons, où chaque responsable d’un dossier est un futur ministre en puissance. En France, la désignation d’un tel cabinet par les partis d’opposition est peu fréquente, mais pas inédite.
Alors président de LR, Laurent Wauquiez s’était lui aussi doté en novembre 2018 d’un cabinet fantôme , où Eric Ciotti était chargé de l’Intérieur. La présidente du RPR (ancêtre de LR) Michèle Alliot-Marie avait aussi nommé en 2000 un cabinet alternatif au gouvernement de la gauche plurielle de Lionel Jospin.