Le premier lycée privé musulman d’enseignement sous contrat n’en finit plus de défrayer la chronique. Début mai, les responsables de la mosquée voisine de Villeneuve-d’Ascq étaient placés en garde à vue , en raison notamment d’un prêt frauduleux accordé par le centre islamique au lycée Averroès. […] […] Aujourd’hui, collège et lycée totalisent plus de 800 élèves. […]
Et si le projet éducatif fait sobrement référence aux «valeurs universelles musulmanes», l’adhésion d’Averroès aux valeurs républicaines est indubitable – sur le papier. L’établissement n’a de cesse en effet de redire son attachement aux «valeurs républicaines», à «l’éducation à la citoyenneté» ou encore à «l’esprit civique», rappelés à tout bout de champ dans ses textes. En novembre 2020, l’établissement avait abondamment communiqué autour d’un hommage rendu par les élèves à Samuel Paty…
La chambre régionale des comptes souligne toutefois l’écart entre ce discours d’affichage, et la réalité de l’enseignement religieux dispensé au collège et au lycée Averroès. […] […] L’un des livres étudiés en classe de Seconde a interpellé en particulier les magistrats[…] L’ouvrage énonce ainsi une série de règles politiques et sociales auxquelles le croyant doit se conformer, par exemple la prohibition de la mixité au travail ou l’interdiction, pour une femme malade, de se faire ausculter par un homme. L’ouvrage, qui commande de se référer «à la Loi de Dieu et à rien d’autre» pour tout litige, condamne enfin l’apostasie qui est présentée comme un crime passible de la mort : celui qui cesse d’être musulman «doit être exécuté conformément à la peine légale prévue pour l’apostasie»[…]
Le lycée Averroès tutoie presque chaque année les 100 % de réussite au Bac […] […] Averroès doit compter déraisonnablement sur la générosité de ses donateurs privés, qui donnent directement ou qui octroient des prêts à taux zéro, parfois suivis d’un abandon de créance. Au total sur dix ans d’exercice financier, ces dons représentent environ 6 millions d’euros, dont une part importante provient de l’étranger, via des financements du Qatar (ce qu’a notamment montré le journaliste du Figaro Georges Malbrunot dans son livre Qatar Papers en 2019) ou même des collectes d’argent auprès de mosquées en Allemagne et aux Pays-Bas. L’établissement vit également au crochet des subventions publiques, qui s’élèvent à plus de 6,5 millions d’euros depuis 2010. Financement public et générosité privée représentent chacun plus du quart des recettes d’Averroès, dont le chiffre d’affaires est largement insuffisant pour garantir l’autofinancement de la structure. Ce modèle économique «apparaît donc structurellement déséquilibré et sans viabilité à terme» pour les magistrats. […]
L’examen des comptes d’Averroès a par ailleurs révélé de nombreuses erreurs ou irrégularités qui, misent bout à bout, étaient l’impression d’une gestion parfois hasardeuse des deniers de l’association. […]