On peut aussi parler des franco-québécois. Une partie de l’histoire démographique moderne du Canada démarre avec l’arrivée de colons au XXVIIème siècle, des colons en provenance de France arrivés directement à Québec. C’est l’une des seules populations au monde à disposer d’un registre d’état civil si fourni. Des registres paroissiaux catholiques permettent d’établir un véritable arbre généalogique depuis l’arrivée des colons : c’est le BALSAC, avec un “s”.
L’histoire génétique des canadiens français
Ces scientifiques ont combiné cette généalogie aux génomes de 2000 français et 20.000 canadiens-français actuels et ils sont ainsi parvenus à recréer la dynamique des populations à partir des colons. Résultat : près de 8.500 colons français provenant principalement de Normandie, du Nord Ouest et d’Ile de France sont arrivés entre le XXVII et le XXVIIIème siècle. D’abord à Québec puis ils ont créé une descendance. Mais ce que révèle véritablement cette étude, c’est que la géographie et les paysages ont façonné la structure de ces populations canadiennes.
Christian Dina, coauteur de l’étude :
La carte génétique du Québec n’a jamais été aussi précise, depuis la publication d’une étude publiée par le magazine Science le 25 mai 2023. Réalisée par une équipe de chercheurs franco-canadiens des universités de la Sorbonne-Paris Nord, Nantes, McGill et Québec, elle s’appuie sur 4 millions de registres paroissiaux de la base Balsac (créée notamment par la reconnaissance automatique des documents manuscrits) et sur l’ADN de 2.276 Français volontaires et 20.451 Canadiens français tirés des bases de données CARTaGENE, Genizon et de l’étude française SUVIMAX. Elle montre les mouvements des populations au Canada français depuis le XVIIe siècle.
Sans enfoncer des portes ouvertes, puisque chacun sait qu’une part importante de la population du Québec descend de colons français, cette étude permet de comprendre comment la diversité génétique s’est répandue sur le territoire au fil du temps. Et surtout, pourquoi les calculs réalisés à partir de modèles mathématiques de mouvements de population collent parfaitement à la génétique réelle des participants. En clair, les généalogies réalisées à partir des registres paroissiaux du Québec collent parfaitement aux données génétiques établies par de savants calculs.
Le peuplement du territoire s’est fait en composant avec des facteurs humains terriblement terre à terre. La belle province a été colonisée par des Français à partir du XVIIe et du XVIIIe siècle. Ils se sont éparpillés depuis la ville de Québec en suivant les frontières naturelles, rivières et montagnes. L’héritage génétique des habitants actuels est majoritairement français, les gènes des amérindiens représentent moins de 1 % de leur ADN.
Un autre enseignement est tiré de cette étude, médical celui-ci. Certaines maladies génétiques rares sont plus fréquentes dans certaines régions du Québec, c’est ce que l’on appelle les effets fondateurs. L’enquête a montré que les gènes défectueux n’ont pas été importés par quelques colons français, mais qu’ils sont apparus au fur et à mesure que la population se développait et se déplaçait. Ces communautés ont été fondées par des populations déjà apparentées, trop apparentées apparemment.
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