Le plan du gouvernement en vue de la construction de 15.000 places de prison d’ici à 2027 «apparaît d’ores et déjà sous-dimensionné», souligne un rapport parlementaire révélé par Le Canard enchaîné et que l’AFP a pu consulter mardi 30 mai. Ce rapport budgétaire, en date du 25 mai et rédigé par le député LR Patrick Hetzel, rapporteur spécial des crédits de la mission Justice de l’Assemblée nationale, intervient alors que le nombre de détenus a atteint un nouveau record historique au 1er mai, avec 73.162 personnes incarcérées dans les prisons françaises.
Signe de cet engorgement, «en mai 2023, le centre pénitentiaire de Gradignan a temporairement suspendu ses admissions en raison de l’encombrement de ses cellules», rappelle le rapport. «Cet établissement, comme cinq autres prisons françaises, présente un taux d’occupation supérieur à 200%», déplore le rapport.
Il y a une «incapacité du ministère de la Justice à résorber la surpopulation carcérale et à garantir aux personnes placées sous main de justice des conditions dignes de détention», estime le député du Bas-Rhin. Rappelant que de nombreux programmes immobiliers ont été lancés depuis la fin des années 1980 pour créer des places de détention nouvelles, il note que «ces plans n’ont jamais atteint les objectifs qui leur avaient été assignés». Annoncé en 2018, le programme «15.000» visait à créer 7000 places nettes en 2022 auxquelles doivent s’ajouter 8000 places nettes en 2027. Son coût prévisionnel est de 4,5 milliards d’euros. Or, souligne le rapport, «au 31 décembre 2022, seules 2441 nouvelles places avaient effectivement été mises en service». […]