Un tribunal, le Tribunal administratif de Grenoble, avait décidé, par une décision du 14 mars 2023, d’annuler un règlement d’université de l’Université de Grenoble écrit en écriture inclusive, et pour le motif précisément qu’il était rédigé dans ce sabir. […]
On peut se féliciter de cette décision, pour trois raisons. […] en premier lieu, ce jugement met fin à une erreur scientifique et à une illégalité flagrante […]
En second lieu, ce jugement met fin à ce qui risque d’être un recul démocratique : les wokistes créent une langue qui ne peut être comprise et pratiquée que dans des milieux politisés restreints, et qui relève donc en réalité d’une pratique d’exclusion et non d’inclusion.
Mais il faut bien se rendre compte, en troisième lieu, et c’est le plus important, que les wokistes reviennent sur le principe même de l’alphabet, qui est de pouvoir exprimer toutes les idées par des signes simples et peu nombreux. Avec eux, l’écriture devient l’image de l’idée. […]
Le communisme avait déjà créé la novlangue d’Orwell qui donne à tout le vocabulaire politique, social, sociétal, une signification nouvelle en orientant la pensée vers une vision déterminée et faussée de la vie. Mais cette fois la structure de la nouvelle syntaxe interdit de penser une signification autre que celle du wokeur ; donc elle interdit de penser tout court. On crée un nouveau type de langage, à mi-chemin entre le hiéroglyphe et l’alphabet, comme dans l’Égypte ancienne ; de même que le cartouche montre à la fois le Pharaon et sa grandeur, sans possibilité de détacher la grandeur du Pharaon de l’écriture de son nom, de même le «. x » affiche la neutralité et l’absence de genre sans qu’on puisse exprimer une idée différente. On force le locuteur de la nouvelle langue à croire en l’absence de genre.
[…]Tribune de François Bernault dans Valeurs Actuelles