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Pour justifier leurs prises de position en faveur de l’immigration, certains hommes et femmes politiques de gauche n’hésitent pas à recourir à des arguments plus ou moins tendancieux, notamment en défendant un dumping social généralisé. Qui sert in fine les intérêts du patronat et du capitalisme. On n’est pas à une contradiction près.

La scène est devenue un classique des plateaux de télévision. Elle s’est produite récemment lors de l’émission « C ce soir », sur France 5. L’historien Pascal Blanchard prend une mine grave, lors d’un débat sur l’immigration : « Qui va payer les retraites, qui va venir travailler dans les hôtels, les restaurants, déplacer nos poubelles ? […] Les Hongrois sont en train d’ouvrir leurs frontières en cachette car ils ont besoin de main-d’œuvre. » Six ans auparavant, Éric Dupond-Moretti avait mobilisé un argument similaire pour apostropher Éric Zemmour : « Si les Arabes demain, et les immigrés, et tous les gens qui sont venus ici se barrent, vous êtes dans la merde pour faire votre ménage ! » Constat déroutant : ces deux saillies n’ont pas été proférées avec l’air cynique de l’industriel capitaliste, mais d’un ton solennel qui sied aux moralistes.

(…) On se pince pour y croire : c’est bien de la gauche qu’émanent les accents les plus vibrants pour défendre ni plus ni moins qu’un dumping social généralisé : lorsque les entreprises d’une filière ne parviennent pas à trouver des salariés prêts à accepter les métiers les plus pénibles, le camp du progressisme ne cherche plus à leur imposer le relèvement des conditions de travail, mais prône la fourniture d’une main-d’œuvre étrangère bon marché et corvéable à merci tout en se payant le luxe d’éprouver la bonne conscience de l’humaniste ouvert sur le monde. Du côté du patronat, on ne prend pas la peine de camoufler ses intérêts derrière une épaisse couche de moraline. Le restaurateur Pascal Mousset assume « ne pas trouver de plongeurs français. Ils sont maliens, bangladais, pakistanais… » Sacha Benhamou, porte-parole du think-tank libéral Génération Libre, réclame carrément la possibilité de « permettre à tous les étrangers de travailler et d’entreprendre librement » en faisant « de l’intégration économique le principal motif de régularisation et d’accueil des étrangers ».

(…) Dans Le Capital Karl Marx décrit précisément la manière dont la bourgeoisie utilise une « armée industrielle de réserve » afin de forcer les ouvriers nationaux « à subir plus docilement les ordres du capital » évoquant ­l’importation de travailleurs irlandais qui « dégrade la condition morale et matérielle de la classe ouvrière anglaise ».

(…) Marianne

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