L’embarras de la gauche pour articuler la question nationale et l’universalisme n’est pas neuf, rappelle l’historien de la classe ouvrière, Gérard Noiriel, mais il y a, selon lui, un déficit récent de réflexion, lié à un basculement vers des questions identitaires.
Quand il s’agit d’immigration, la gauche semble gênée pour bâtir un discours qui ne soit pas qu’une réaction à ceuxde la droite et de l’extrême droite. Pourquoi ?
[…] La France a eu l’un des taux d’immigration les plus forts du monde à la fin des années 1920. Dire que l’immigration est une chance pour la France n’est donc pas qu’un slogan de la « gauche morale », comme on peut le lire parfois. C’est une réalité historique. D’ailleurs, le vieillissement de notre population et la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs prouvent que la France aura encore recours à l’immigration dans les années qui viennent. […]Le mot « immigré » s’est imposé dans le discours commun et dans les catégories statistiques, alors qu’auparavant on comptabilisait des travailleurs « étrangers ». On est passé ainsi d’un discours privilégiant la nationalité juridique des personnes à un discours qui fait une place à l’origine de ces personnes (puisque la catégorie d’ «immigré »englobe des Français d’origine étrangère) . Ce nouveau langage a conforté les discours sur le « grand remplacement », alors que la France n’est plus un grand pays d’immigration.
Par ailleurs, la « fait diversion » de la politique crée une ambiance anxiogène, donnant le sentiment que l’on vit dans une société de plus en plus violente, ce qui est contredit par toutes les études statistiques sérieuses. Cela a été exploité, sur le plan politique, par la droite et l’extrême droite traditionnellement plus habiles que la gauche pour mobiliser les émotions plutôt que la raison.
Merci à BB