Il est presque minuit lorsque son bateau pneumatique prend la mer en direction de l’île grecque de Lesbos. Ryyan Alshebl est à bord de cette embarcation de fortune avec 49 autres migrants. «C’était en novembre 2015, je ne souviens plus du jour», raconte le Syrien, dont tous les journaux parlent depuis son élection en tant que maire d’une commune du Bade-Wurtemberg.
[…]Il suit une formation d’employé administratif qui lui permet de prendre des responsabilités dans une commune de la région : numériser les services et gérer les crèches. «C’est mon chef qui m’a poussé à candidater à la mairie d’Ostelsheim, une commune de 2 500 habitants.» Ryyan Alshebl n’hésite pas. Né d’une mère institutrice et d’un père ingénieur agricole, il a grandi dans une famille très politisée. C’est un poste pour lui. «Les maires ne sont pas des techniciens mais des médiateurs entre les citoyens et la politique.» […]
Il n’y a eu aucun incident avec l’extrême droite.» Certains ont été tentés de le discréditer en prétendant qu’il était un extrémiste islamiste alors que Ryyan Alshebl ne se considère même pas comme musulman. «La religion ne joue aucun rôle pour moi.» Il n’est pas non plus militant du Parti des travailleurs du Kurdistan, comme l’ont affirmé certains. […]
Sans étiquette politique (mais membre du parti écologiste), il est élu triomphalement le 2 avril au premier tour avec 55 % des voix contre deux autres candidats «du cru», Marco Strauss et Mathias Fey. […]
A partir de lundi, il devra s’occuper notamment des réfugiés arrivés après lui, dont beaucoup d’Ukrainiens. «Le problème, ce n’est pas de savoir s’il faut les aider, c’est d’avoir les moyens de le faire», dit-il pragmatiquement. […]
(Merci à Aymeric C.)