07/07/2023
06/07/23
Les sénateurs réunis en commission d’enquête ont dénoncé ce jeudi «l’opacité et la désinvolture» d’un «coup politique» qui a conduit à un véritable «fiasco».
«Opacité», «désinvolture», «fiasco», «coup politique»: la commission d’enquête du Sénat a étrillé jeudi le Fonds Marianne et la secrétaire d’État Marlène Schiappa, en rendant ses conclusions sur ce dossier controversé.
«Le manque de rigueur, l’opacité et la désinvolture ont conduit au fiasco» du Fonds Marianne contre le séparatisme, mis en place en 2021 par Marlène Schiappa, a déclaré le rapporteur de la mission, Jean-François Husson (LR) lors de la conférence de presse au Sénat. «Le constat est sans appel sur la dérive de ce que nous appelons un coup politique».
Une promesse non tenue
«Nous avons le sentiment que le Fonds Marianne a été conçu comme une grande opération de communication» par la ministre, a encore observé Jean-François Husson. La «promesse» inhérente à ce dispositif, «n’a pas été tenue, ce qui relève pleinement de la responsabilité politique de la ministre», a-t-il poursuivi.
Après l’inspection générale de l’administration (IGA), c’était au tour de la commission d’enquête du Sénat de rendre ses conclusions jeudi sur ce fonds, doté de 2,5 millions d’euros et créé en avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, quelques mois après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty par un jeune radicalisé, pour financer sur internet des «contre-discours» à l’islam radical.
15/06/2023
14/06/2023
10/06/2023
07/06/2023
Des conclusions accablantes. Mis en cause pour sa gestion du fonds Marianne, le secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) a démissionné suite à la publication du rapport de l’Inspection générale de l’administration.
Ce fonds lancé par Marlène Schiappa après la mort de Samuel Patty avait pour objet de “financer des personnes et associations qui vont porter des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes” en étant piloté par le CIPDR.
“Défaut de vigilance” et “défaillances”
Problème: la réalité du travail effectué par certaines associations, dont l’USEPPM qui a bénéficié de 355.000 euros, interrogent.
“Le secrétariat général” dirigé par Christian Gravel a réservé à cette organisation un “traitement privilégié”, peut-on lire dans ce rapport commandé par la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès.
L’inspection générale pointe encore un “défaut de vigilance” et de “défaillances”. La somme versée à l’USEPPM aurait seulement alimenté un site internet et des publications peu suivies sur les réseaux sociaux.
Interrogé par les sénateurs dans le cadre d’une commission d’enquête, Christian Gravel s’était longuement défendu. Il avait assuré que “qualitativement, le bilan (de l’USEPPM) était positif”, citant le fait que cette association avait produit “500 posts, tweets, threads et vidéos” défendant les valeurs de la République sur les réseaux sociaux.
La réalité de ce travail n’a manifestement pas convaincu.
[…]Résultat: l’association n’a produit sur son site internet que 8 articles. En “dépit de demandes répétées”, le président de l’association demeure “dans l’incapacité d’attester de son activité sur le contenu du projet”, regrette le rapport. Il a pourtant été payé à hauteur de 51.344 euros de juin 2021 à mai 2022 grâce à la subvention de l’État.
Autre gros caillou dans la chaussure pour Christian Gravel: l’appel à projets auquel a candidaté l’USPPM n’a été “ni transparent ni équitable”.
Les fonctionnaires en charge du rapport n’ont ainsi trouvé “aucun document daté et signé de la date et de la composition précise du comité de sélection”. Le résultat de l’appel à projets a été “biaisé”, avancent encore les fonctionnaires qui signent ce rapport.
[…]04/05/2023
Dans l’affaire du “fonds Marianne”, le parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour “détournement de fonds publics par négligence”, “abus de confiance”, et “prise illégale d’intérêts”, a appris France Inter ce jeudi d’une source proche du dossier, information confirmée par le PNF. Après les révélations de plusieurs médias, un juge d’instruction va donc se pencher sur la gestion de ces subventions, censées permettre la promotion des valeurs de la République.
(…)
15/04/23
Conspiracy Watch, LICRA… Quelles associations ont reçu des subventions du fonds Marianne lancé par Marlène Schiappa après la décapitation de Samuel Paty (MàJ : la famille Paty réclame l’ouverture d’une enquête judiciaire et parlementaire)
Affaire du "fonds Marianne": la famille de Samuel Paty demande l'ouverture d'une enquête pic.twitter.com/u6QLCxxR1E
— BFMTV (@BFMTV) April 15, 2023
Me Virginie Le Roy, avocate de la famille de Samuel Paty, souhaite que des enquêtes judiciaires et parlementaires soient ouvertes pour « faire la lumière sur des faits très graves », concernant l’utilisation de ce fonds créé après la mort du professeur assassiné en octobre 2020.
« Si les faits sont avérés, tout cela est un beau gâchis », a réagi ce vendredi sur France Info, Me Virginie Le Roy. « Utiliser l’argent destiné à lutter contre ce fléau c’est bafouer la mémoire de Samuel Paty », a-t-elle dénoncé, estimant qu’il s’agit d’une « insulte à sa mémoire mais aussi à celle des victimes de terrorisme et leurs familles ». Me Le Roy a dit souhaiter qu’une enquête judiciaire, ainsi qu’une enquête parlementaire, soient menées pour « faire la lumière sur des faits très graves ». « Ce sont des faits qui peuvent être qualifiés de détournement de fonds publics », a-t-elle estimé.
14/04/23
CheckNews a reconstitué la liste des dix-sept bénéficiaires. Si, parmi eux, deux ont été épinglés par la presse pour mauvaise gestion, rien n’indique que ce soit le cas pour les autres. Contactées par CheckNews, la plupart se disent stupéfaites de la polémique actuelle. Une membre d’un organisme bénéficiaire déplore d’ailleurs : «C’est dommage que l’action de quelques-uns vienne ruiner le travail des bons élèves.» Voici pour chacune des 17 structures concernées le montant alloué, ainsi que le projet financé dans le cadre du programme.
USEPPM : 355 000 euros
Création de comptes (faiblement suivis) sur les réseaux sociaux, salaires versés à deux des dirigeants.
Reconstruire le commun : 330 000 euros
Création de vidéos controversées, dirigées contre certains opposants à la majorité.
Civic Fab : 315 400 euros
Développement de projets visant à combattre les discours de manipulation, encourager l’esprit critique, et organisation d’ateliers auprès de public défavorisé. Programme autour des mémoires de la colonisation française.
Fraternité générale : 292 200 euros
Création de comptes sur les réseaux sociaux, diffusion «d’un contre-discours fraternel», «positif», en riposte aux discours de haine.
Licra (ligue contre le racisme et l’antisémitisme) : 95 000 euros
Développement du campus numérique Sapio et création de ressources pédagogiques.
Mémoire et BD : 88 960 euros
Réalisation d’un manga constitué de plusieurs histoires courtes autour des relations et de l’égalité garçons-filles dans les quartiers prioritaires de la ville.
ISD (Institute of Strategic Dialogue) France : 80 000 euros
Cartographie des acteurs de lutte contre la désinformation, projet de recherche sur les mobilisations des identitaires d’extrême droite sur les réseaux sociaux, traductions de rapports, rédaction de ressources pédagogiques et de guides pratiques, webinaires.
Bibliothèques sans frontières (BSF) : 70 320 euros
Web série «Questions-réponses sur la laïcité», confection et diffusion d’un kit pédagogique à destination d’enseignants et d’éducateurs.
Spicee : 70 000 euros
Développement de la plateforme Spicee Educ : production de nouveaux contenus, améliorations techniques de la plateforme, diffusion auprès des enseignants et des associations.
Conspiracy Watch : 60 000 euros
Production de notices d’information sur de grands thèmes complotistes, mise à jour de notices existantes.
France fraternité : 60 000 euros
Réalisation de podcasts sur les «mots piégés du débat républicain», diffusées sur Beur FM et SaphirNews, portraits de jeunes qui réussissent issus de la diversité.
Lumières sur l’info : 50 000 euros
Création d’une nouvelle série de vidéos sur la vérification des informations et des sources, à destination d’un public adolescent.
Génération numérique : 25 000 euros
Action de riposte contre la désinformation en ligne.
2P2L : 20 000 euros
Réalisation de dix vidéos de la série «Conspirations ?», autour du complotisme et à destination des jeunes, diffusées sur LCP.
La Chance pour la diversité dans les médias : 20 000 euros
Financement de leur programme habituel d’éducation aux médias.
D’après nos informations, l’association Yahad-in Unum, qui a pour but de documenter les crimes de l’Etat islamique contre les Yézidis, serait également bénéficiaire à hauteur de 55 000 euros, mais CheckNews n’a pas pu se faire confirmer le montant de la subvention allouée. Selon les documents consultés par CheckNews, la Ligue de l’enseignement, qui se présente comme un «mouvement laïque d’éducation populaire», aurait également bénéficié du Fonds Marianne pour 40 000 euros, ce que ne nous confirme pas à ce stade l’association.
12/04/23
04/04/23
Dans un communiqué, elle dit être « particulièrement heurtée par les récentes révélations de France 2, concernant l’utilisation douteuse des subventions dédiées au Fonds Marianne, (…), et l’absence de contrôle de l’utilisation de ces subventions ». « Le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements », ajoute-t-elle.
Un courrier à Marlène Schiappa
Selon le communiqué, Virginie Le Roy, avocate d’une partie de la famille, a écrit à Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, et à Sonia Backes, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, « pour leur faire part de ses diverses interrogations ».
01/04/23
29/03/23
L’œil du 20h – France 2
Notre enquête, menée conjointement avec « L’Œil du 20 heures » de France 2 diffusé ce mercredi 29 mars, dévoile les dessous d’un mystérieux fonds gouvernemental lancé par Marlène Schiappa. Une des associations subventionnées, celle qui a décroché la plus grosse dotation, a parfois eu un intrigant usage des deniers publics…