Des associations ont protesté lundi contre la venue à Nice d’une cheffe d’orchestre italienne qualifiée de “néofasciste” et proche de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.
La ville de Nice a invité la cheffe d’orchestre italienne Beatrice Venezi à la tête de son Orchestre philharmonique, pour les traditionnels ballets de Noël et le Concert du Nouvel An.
Réunies dans un collectif “Touscitoyens06”, les associations ont indiqué dans un communiqué leur “opposition” à la venue “d’une cheffe d’orchestre néofasciste” et ont demandé au maire de Nice Christian Estrosi (Horizons) et au directeur général de l’Opéra “d’annuler cet événement”.
Rare femme cheffe d’orchestre, Beatrice Venezi, fille de Gabriele Venezi, ancien dirigeant, au cours de la première décennie des années 2000, du parti ouvertement néofasciste Forza Nuova, est conseillère du ministre italien de la Culture Gennaro Sangiuliano.
Une cheffe d’orchestre déjà accueillie à Nice en 2022
Sa venue à l’opéra de Limoges en avril avait déjà suscité un mouvement de protestation.
Dans une réaction transmise à l’AFP, le directeur général de l’Opéra de Nice, Bertrand Rossi, a estimé que “la musique ayant le pouvoir de transcender les clivages et de rassembler les individus autour d’une expérience commune, il est essentiel de séparer l’art de la politique”.
“En tant qu’institution culturelle, notre rôle est de favoriser la libre expression artistique et de créer un environnement où chacun peut se sentir à l’aise et respecté, indépendamment de ses affiliations politiques”, a-t-il ajouté rappelant que Beatrice Venezi, “cheffe d’orchestre de talent, de renommée internationale”, avait déjà été accueillie à Nice pour un concert en 2022.
. “Dans un contexte de banalisation de l’extrême droite et du fascisme, l’invitation faite à Madame Venezi à Nice constitue un geste politique que nous contestons et dénonçons fermement”. Ainsi, un collectif composé de douze associations, partis et syndicats réunis au sein du collectif de gauche Touscitoyen06 demande l’annulation des concerts que le chef d’orchestre toscan est censé organiser pour les fêtes de fin d’année à l’Opéra de Nice. Beatrice Venezi, définie sans équivoque comme une “néo-fasciste”, se voit reprocher sa proximité avec le gouvernement de Giorgia Meloni, pour qui elle travaillait comme “conseillère musicale”. Mais, peut-être plus grave encore pour le collectif, le fait qu’elle ait participé l’an dernier à “la convention du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia” et qu’elle se soit engagée “à donner à l’idéologie qu’elle défend la visibilité la plus large possible” . Peu importe qu’une femme ait été choisie pour diriger l’Orchestre Philharmonique de Nice, un événement rare dans un domaine à prédominance masculine : C’est “un soutien du gouvernement italien qui prétend limiter les droits des femmes et affiche des valeurs telles que ‘Dieu, patrie et famille », héritiers de l’idéologie de Mussolini », lit-on dans la note.
Pour cette raison, les associations concernées par le recours demandent au maire Christian Estrosi (ancien républicain désormais proche du président Emmanuel Macron) et au directeur général du théâtre, Bertrand Rossi, d'”annuler cet événement”. “La ville de Nice ne doit pas, sous couvert d’une manifestation artistique et exploitant l’Opéra de Nice, donner un chèque en blanc au néo-fascisme italien”, plaide Touscitoyen06. En réponse, Rossi a réagi en déclarant à l’AFP qu'”il est essentiel de séparer l’art de la politique”, avant de rappeler que Venezi est “un chef d’orchestre talentueux” et “de renommée internationale”.
Mais Venezi n’est pas novice dans ce type de contentieux en France. En avril, un groupe de manifestants s’est rassemblé devant l’Opéra de Limoges, où le chef d’orchestre dirigeait La Sonnambule de Bellini, scandant le refrain “Nous sommes tous antifascistes !” en italien.