Alain Finkielkraut : « Après les émeutes, si on veut rester fréquentable, il ne faut surtout pas dire ce qu’on voit »
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«Il y a eu beaucoup de Kevin et de Matteo», a déclaré Gérald Darmanin, récusant «l’explication seulement identitaire des émeutes urbaines». Que vous inspire cette saillie?
Cette saillie, comme vous dites, rappelle les propos du ministre de l’Intérieur après les incidents du Stade de France lors du match Liverpool-Real Madrid. Kevin et Matteo sont les dignes successeurs des supporteurs anglais, et nous sommes, une fois encore, transportés dans une réalité parallèle. Avec ces deux prénoms, en outre, Gérald Darmanin signe, sans même s’en apercevoir, l’acte de décès de la France de Claude Sautet. Ce ne sont plus Vincent, François, Paul, Pierre ou Jacques qui viennent spontanément à l’idée. Entre islamisation et mondialisation, notre société saute à pieds joints dans l’ère postnationale.
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Le gouvernement a souligné qu’il y avait 90 % de Français parmi les émeutiers et que donc, cela avait peu à voir avec l’immigration. Est-ce une forme de déni?
Gérald Darmanin a tout à fait raison: 90 % des émeutiers ont une carte d’identité française. Et c’est précisément ce qui est grave. Ce sont des Français en règle qui vomissent la France et qui, en incendiant des mairies, des écoles, des commissariats, lui déclarent la guerre. Ce sont des Français qui à Nanterre ont vandalisé le monument des martyrs de la Résistance et de la Déportation. Ceux qui ont écrit le tag «Bande de chiennes on va vous faire une Shoah» ont le même passeport que vous et moi. Il ne reste presque rien de la communauté nationale: nous ne formons plus un peuple.
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Il faut enfin avoir le courage (et le bon sens) de le dire: si l’immigration se poursuit au même rythme (plus de 500.000 arrivées sur le territoire français dans la seule année 2022), le vivre-ensemble ne sera qu’un cache-misère et la désintégration deviendra inéluctable.
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Jean-Luc Mélenchon et toute une partie de La France insoumise ont fait le choix de ne pas appeler au calme pendant les événements, justifiant la révolte des banlieues par les «violences policières». Que vous inspire ce positionnement?
Jean-Luc Mélenchon voue Renaud Camus aux gémonies, mais il partage son diagnostic. Il croit dur comme fer au grand remplacement. Fort de son score ébouriffant aux élections présidentielles en Seine-Saint-Denis, il mise sur le changement démographique pour accéder un jour au pouvoir. La France insoumise a donc décidé de mettre le paquet.