Julien Bachard a posé un ultimatum à ses administrés : la reconstruction des bâtiments détruits lors des émeutes ne commencera pas tant que la mairie n’aura pas les noms des responsables. Dans cette ville du nord de la région parisienne, l’initiative fait débat.
(…) Le maire, Julien Bachard (Les Républicains), n’a pas attendu que le gouvernement présente son projet de loi sur la reconstruction, jeudi 13 juillet,pour annoncer qu’“aucuns travaux ne [seraient] engagés” tant que la mairie n’aurait pas “les noms des auteurs des faits”. “Maintenant, la neutralité est considérée comme de la complicité”,a ajouté l’édile dans une “lettre à l’attention des habitants des Raguenets”, glissée dans leurs boîtes aux lettres et publiée sur Facebook.
Pour beaucoup d’habitants, dont Amina, les responsables doivent être punis. “C’était le cœur des Raguenets. Il y avait des activités pour les enfants, les jeunes, les seniors…” explique-t-elle en tournant un regard sombre vers le centre culturel. Pas question, pour autant, de tomber dans la délation : “Même si j’avais les noms, je ne les donnerais pas”, s’offusque l’assistante maternelle en secouant la tête.
Un peu plus loin, assis sur un banc, Olivier souffle la fumée de sa cigarette sous le soleil matinal. Ce quinquagénaire vit dans le quartier depuis vingt ans et, selon lui, les responsables, “on sait un peu qui c’est”. “J’ai connu des petits hauts comme ça, grands comme ça maintenant”, poursuit Olivier, en remontant sa main de sa cheville au haut de son crâne. Comme sa voisine, il n’est “pas là pour les dénoncer”. A la place, cet ancien militaire a passé un savon à ceux qu’il croit être derrière les faits : “Je pense aux commerçants qui se sont fait piller, les pauvres. C’était vraiment ‘casser pour casser’.”
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Un risque de stigmatiser le quartier
Pour l’élu d’opposition Stéphane Bauer (divers gauche), “le maire a fait le choix de jeter l’opprobre sur tout un quartier, sans même connaître le nom des responsables. Il faut appeler à l’apaisement dans ce contexte, et pas accentuer les fractures en ville.” Les éducateurs en prévention, qui aident à l’insertion des jeunes du quartier, balaient d’un revers de main la polémique, jugée stérile, et appellent simplement à la paix sociale.