La ville frontalière italienne de Vintimille accueille un flux continu de migrants prêts à tout pour rallier d’autres pays européens via la France. La cohabitation est devenue une souffrance, dénoncent certains habitants de la cité ligure.
Le vendredi, à Vintimille , c’est jour de marché. Dans cette cité italienne voisine de Menton, le français est la langue qui domine entre les étals. « On ne croise quasiment que des frontaliers, à tel point qu’on n’arrive même plus à se garer », rouspète un retraité local. Avec les Français, c’est « je t’aime, moi non plus », reconnaît-il. « On a certes beaucoup d’échanges et de touristes, mais c’est aussi à cause de vous qu’on doit se coltiner tous ces migrants », lance le sexagénaire avant de reprendre, sans rancune, le cours de sa promenade.
Avant 2015, « tout était plutôt simple », se remémore Cristian Papini, responsable local de l’association Caritas, le Secours catholique italien : « Les personnes arrivaient alors à Vintimille par le dernier train et s’en allaient par le premier du matin. » Trois petits euros pour gagner les Alpes-Maritimes et le tour était joué.
« Ensuite, le 11 juin 2015, la France a décidé de fermer la frontière avec l’accord de l’Europe », poursuit-il. Une décision lourde de conséquences pour Vintimille et ses 24 000 habitants. Elle a de fait transformé la ville « en verrou » où s’échoue « un flux migratoire qui vient à la fois de la route méditerranéenne et de la route balkanique », expose au Point le nouveau maire de la commune, Flavio Di Muro. […]
Dans la « Lampedusa du Nord », les employés et bénévoles de Caritas ne chôment pas pour assurer la fourniture de nourriture, de vêtements et de soins – en partenariat avec Médecins du monde -, mais également pour apporter conseil juridique pour les demandes d’asile et solutions d’accueil temporaire pour les familles. Huit années d’une crise continue et d’un travail de Sisyphe, à en croire Cristian Papini : « C’est comme être sur le Titanic qui est en train de couler et tenter d’écoper avec une tasse à café. » […]
« Ce n’est plus vivable, la délinquance a augmenté, il y a des bagarres le soir, des gens ivres. On ne sort plus dans certains de nos quartiers et d’autres sont devenus des dépotoirs. Le maire nous a promis la sécurité, on attend de voir », sermonne un natif de la commune. Une promesse que l’élu de la Ligue entend bien tenir.
« Nous avons commencé à lutter contre les bivouacs, les campements abusifs et toute forme d’illégalité », expose le maire Flavio Di Muro, rappelant, au passage, les contrôles d’identité que la police multiplie depuis son arrivée aux affaires. La situation n’est « pas simple », reconnaît Cristian Papini de Caritas qui loue la patience des habitants de sa ville : « Dans un autre endroit, il y aurait eu une guerre civile. »