Fdesouche

Sous l’affichage de la proximité entre les présidents Tebboune et Macron, sous le rituel des voyages en Algérie, sous les déclarations unilatérales de Paris appelant à tourner la page de la colonisation, pointe une profonde dégradation des relations entre les deux pays. Les entreprises françaises sont méthodiquement discriminées et la coopération se réduit à la multiplication des contentieux concernant les impayés qui leur sont dus. La culture et la langue françaises sont en voie d’éradication. Les demandes de laissez-passer consulaires nécessaires aux expulsions de citoyens algériens sont systématiquement refusées. Des encouragements et un soutien explicites ont été apportés par Alger aux émeutiers qui ont embrasé les villes sur tout le territoire. Dans le droit fil des obstacles dressés à l’intervention au Sahel, le régime algérien appuie les efforts de la Russie pour bouter la France hors du continent africain et organise des manœuvres militaires conjointes avec l’armée russe.

En réalité, soixante ans après l’indépendance, la seule source de légitimité de la dictature militaire comme de l’identité nationale algérienne reste l’éternel retour de la guerre d’indépendance et la détestation de la France. Et l’agressivité envers notre pays ne peut que croître avec la reprise en main de l’Algérie par l’État profond qui a brisé les espoirs et les militants du Hirak, avec l’incapacité du régime à casser la spirale du non-développement, avec la volonté de revanche du Sud global contre les anciennes puissances coloniales.

(…)

Au lieu de cultiver sa soumission à la rente mémorielle du régime, la France doit redéfinir une politique cohérente vis-à-vis de l’Algérie autour de cinq priorités.

  • La remise en cause de l’accord du 27 décembre 1968 octroyant aux Algériens un statut dérogatoire au droit commun en matière d’immigration qui interdit tout contrôle des flux alors qu’ils représentent 12,7 % des immigrés vivant en France.
  • La mise en place d’une stratégie de codéveloppement fondée sur le secteur privé et les entrepreneurs.
  • Le maintien des liens avec la société civile algérienne en mobilisant la diaspora et le levier de la langue française.
  • Le déploiement d’un système européen intégré de surveillance et d’intervention en Méditerranée afin de pouvoir en assurer la sécurité en toutes circonstances.
  • La réconciliation avec le Maroc, qui constitue le meilleur allié pour stabiliser l’Afrique.

L’heure n’est plus à rêver à des partenariats chimériques avec l’Algérie mais à gérer le risque réel qu’elle constitue.

Le Figaro

Fdesouche sur les réseaux sociaux