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Plus de 74 000 personnes étaient incarcérées dans les prisons françaises au 1er juillet, un nouveau “record” d’après les chiffres du ministère de la Justice. Selon les chiffres du ministère de la Justice, 74 513 personnes étaient incarcérées au 1er juillet 2023 contre 73 699 le mois précédent. “On ne peut pas continuer à regarder un service public se désagréger comme ça“, a réagi ce lundi la contrôleuse générale des prisons, Dominique Simonnot. Elle rappelle que “la mission de la prison, c’est aussi la réinsertion“.

Que constatez-vous quand vous visitez des prisons, même parfois sans prévenir de votre arrivée ?

On voit des endroits dévastés, des surveillants qui n’en peuvent plus, qui nous confient leur détresse. Il y a des manques. Il devrait y avoir un surveillant pour 50 détenus. La norme, c’est ça. On est passé à un surveillant pour 100 détenus, pour 110, 130 détenus, parfois pour 140 détenus. Il y a des heures de la journée dans certaines prisons où il n’y a pas de surveillant du tout dans la coursive et c’est très dangereux. […]

Le gouvernement prévoit la construction de 15 000 places de prison d’ici 2027. Est-ce la solution ?

Je ne pense pas que ce soit pour avoir plus de places. Je vous donne un exemple : la prison de Lutterbach ouverte en décembre 2021. Elle avait été annoncée en fanfare par Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, en 2008. Donc voyez le temps qu’il faut. Ensuite, pourquoi on ne choisit pas la solution qui consiste à mettre moins de gens en prison, pour mieux les incarcérer, pour redonner un sens à la peine ? La mission de la prison, c’est aussi la réinsertion. C’est punir, mais aussi réinsérer. Et dans ces conditions, on ne réinsère personne. Alors on paie très cher, 110 euros par jour par détenu, pour des résultats plus que médiocres et même un bilan très négatif. Comment voulez-vous sortir meilleur quand vous avez été enfermés dans des pareilles conditions ? C’est ça qui est bête, c’est que c’est juste une façon de réfléchir qu’il faudrait changer et arrêter de transformer la punition en vengeance parce que ça n’est bon pour personne.

Alors que faire pour améliorer la situation dans les prisons ?

D’abord, au Contrôle général, on a réuni, cette année et l’année dernière, plus d’une trentaine d’organisations, associations, syndicats pénitentiaires d’avocats, de magistrats, d’associations qui oeuvrent en prison pour constater que ça ne pouvait pas durer. Le constat est le même partout. Dans leur grande majorité, tout le monde est pour la régulation carcérale. Il y a des organisations qui ne sont pas pour. On a rédigé un avis sur la surpopulation carcérale qui va sortir en donnant le nom de ces associations pour qu’on puisse les joindre et qu’on puisse voir que ça ne peut pas durer.

francetvinfo

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