Leur quotidien est rythmé par les insultes, les remarques, les comportements déplacés, voire des agressions physiques et des attouchements sexuels.
(…) actu Lyon donne la parole à des femmes qui ont préféré, de force et malgré elles, changer leurs habitudes, leur comportement et leurs tenues vestimentaires pour tenter d’échapper au fléau du harcèlement. Afin de protéger l’anonymat des témoins, les prénoms ont été modifiés.
J’ai vécu ça tout de suite, j’avais l’habitude de mettre de jolies jupes, pas forcément très courtes. Mon école était près de Saxe, je me faisais suivre, insultée, embêtée. Très vite, j’ai changé mes tenues, maintenant, je m’habille comme un sac. On m’a déjà insulté de mécréante, de sale pute, on m’a fait de la drague lourde en me disant que « j’étais fraiche, bonne »…
Emilie*, une Lyonnaise de 23 ans
(…) D’autres stratagèmes sont utilisés par les femmes qui témoignent : éviter certains quartiers comme la Guillotière, la place Bellecour, Vaise, Terreaux, rentrer en Uber, partager sa géolocalisation avec des proches, moins sortir le soir, rentrer chez soi avec un homme, être au téléphone dans la rue… (…)
Peu importe l’endroit, il y aura toujours un homme pour vous emmerder. J’ai été harcelée ou agressée, pêle-mêle, à Grange Blanche en allant au travail à 7h, à Bellecour par un contrôleur TCL en début de soirée, à la Poste de Valmy, devant la bibliothèque Part-Dieu, en plein cœur du 3ᵉ, etc.
Aline*, une Lyonnaise de 25 ans
« Il y a de tout, mais toujours des hommes. Aussi bien des jeunes que des vieux papys, des marginaux ou des représentants de l’autorité », assure Aline.
Plus catégorique, Emilie soutient que « ce sont toujours les mêmes profils de harceleur ». Des « hommes de 17 à 25 ans, jeunes, et issus de l’immigration, seuls ou dans des grands groupes ».
(…) Elle assure ne pas être engagée politiquement mais que « l’immigration est en cause » et « que certaines cultures traitent très différemment les femmes ». « Je n’étendrai pas forcément mon raisonnement à tous les hommes », dit-elle. (…)
Les femmes sont aussi souvent confrontées à la passivité des témoins.
« Soyez aux aguets, soyez vigilants. Les victimes n’osent pas toujours réagir et demander de l’aide. Si vous avez l’impression qu’une femme est dans une situation inconfortable, faites quelque chose. Peu de gens aident dans ces cas, pas même les flics, et c’est très pesant », déplore Aline. (…)
Je ne lâche pas ma bombe lacrymogène, je l’ai toujours avec moi même au travail. C’est une habitude que je systématise à Lyon. Je sais que c’est illégal mais je ne la lâche jamais. Pour une fille, les policiers ne sont pas stupides et tolèrent ça.
Marie*, 21 ans
(…) Ces trois Lyonnaises doivent désormais vivre au quotidien avec le harcèlement de rue, qu’elles estiment profondément implanté à Lyon.
Comme elles, huit femmes sur dix affirment connaître cette situation en France. (…)
(Merci à Gaëlle pour sa proposition.)