De la traversée de la Manche par Louis Blériot, en 1909, à l’aventure de passionnés qui, de nos jours, reconstruisent pièce par pièce l’avion à bord duquel il a réalisé son exploit, une plongée dans les débuts héroïques de l’aviation.
Ce 25 juillet 1909, à Calais, Louis Blériot est las, blessé (une fuite d’huile de moteur lui a brûlé la jambe) et au bord de la ruine. L’ingénieur de 37 ans, que ses mésaventures aériennes ont affublé de surnoms peu flatteurs (“l’homme qui tombe”, “Blériot la casse”), croit pourtant dur comme fer en son nouveau monoplan. Avec raison : à 4 h 42 du matin, le Français atterrit à Douvres, devenant le premier homme à réussir la traversée de la Manche en avion. Comment ce centralien taciturne, qui a prospéré grâce aux accessoires d’automobile, en est-il venu à engager sa fortune, sa réputation et même sa vie (il ne sait pas nager !) pour propulser l’aviation dans l’ère moderne ? Un peu plus d’un siècle plus tard, Didier Chable, instructeur retraité d’un centre d’essais en vol de l’armée de l’air, veille sur une collection d’appareils mythiques dans un hangar de Melun. Entouré d’une équipe d’experts (ingénieurs, menuisiers, mécaniciens, spécialiste de l’entoilage…) et de mordus, il s’est lancé le défi de reconstruire pièce par pièce le légendaire Blériot XI, avec les seuls matériaux et techniques de l’époque.
“Rêve ailé”
De son moteur Anzani, pas plus puissant que celui d’une mobylette, à la forme recourbée de ses ailes, ces passionnés tentent de percer les mystères de l’avion du succès, auquel ont contribué les recherches pionnières de Gustave Eiffel en matière d’aérodynamisme. Les étapes de ce chantier de longue haleine s’entrecroisent avec le récit captivant de l’épopée de Blériot, retracée à l’aide d’images d’archives, de reconstitutions numériques, ainsi que par ses propres mots (“Comment je suis devenu aviateur ? C’est pour être tout simplement venu à une époque heureuse de cette histoire humaine qui, depuis la légende d’Icare jusqu’à l’avion d’Ader, s’est poétisée d’un rêve ailé”) et ceux de la présidente de l’Aéro-Club de France, Catherine Maunoury. Au carrefour de ces deux aventures humaines, le documentaire plonge dans les coulisses d’un exploit oublié, mais aussi dans la période d’ébullition extraordinaire qui l’a vu naître, la Belle Époque, où tout restait encore à inventer.