Selon l’éditorial du Monde du 14 août, la préoccupation environnementale selon Marine Le Pen procède d’abord de la volonté d’exploiter le désarroi provoqué par la crise climatique et ses conséquences sur l’économie, l’emploi et les modes de vie. Des idées qui «risquent d’être repeintes en brun ».
A première vue, l’intérêt nouvellement manifesté par le Rassemblement national (RN) pour l’écologie, décrit et analysé dans une enquête du Monde parue le 13 août, pourrait être considéré comme une victoire de cette dernière. La préoccupation climatique est désormais si largement partagée qu’aucun parti politique ne peut la négliger. On aurait pourtant tort de se réjouir. Entre les mains des démagogues de l’extrême droite, l’idée universaliste et émancipatrice de la protection de la planète et des êtres vivants risque de se transformer en un vecteur de fausses théories, de nationalisme et de xénophobie, un instrument de division sociale, mais aussi en une redoutable machine de guerre politique. […]
Poser cette inquiétante question revient à adresser un double avertissement. A Emmanuel Macron qui se pose en meilleur rempart contre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir mais dont les réponses aux inquiétudes liées au changement climatique restent faibles, et dont les annonces sur la « planification écologique » ne cessent d’être reportées. Mais aussi à la gauche et aux Verts, largement convaincus que l’écologie ne peut être que de leur côté, trop souvent englués dans de vaines polémiques étrangères à l’électorat populaire. Faute de solutions concrètes, notamment en termes de mode de vie, de pouvoir d’achat et de fiscalité, pour répartir équitablement le coût de la transition climatique, les idées vertes courent un nouveau danger : être dérobées, détournées puis repeintes en brun.