Sébastien Lecornu, ministre des Armées, sera dans le Var lundi. Il rappelle que la menace terroriste aux portes de l’Europe n’a pas disparu.
Aujourd’hui, 40% du territoire malien est livré à des groupes armés terroristes qui menacent de reconstituer une forme de califat. La situation est fragile aussi au Burkina Faso. Le sujet n’est donc pas uniquement un sujet d’influence, mais bien de sécurité collective. On ne peut pas ne pas voir qu’un foyer terroriste majeur est à nouveau à un jet de pierre des rives de la Méditerranée. J’invite donc au sang-froid. N’oublions pas que les vraies victimes de ce qui se passe aujourd’hui sont, avant tout, les populations des États africains concernés.
[…]« Les mouvements terroristes islamistes sont maintenant bien installés au Sahel, notamment au Mali et au Burkina Faso », confirme le chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Jean-Marc Gravellini. Deux groupes principaux y sévissent : le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM) et l’État islamique au grand Sahara (EIGS). Le premier, le plus important, est la branche locale d’Al Qaida. Surtout implantée au Mali, elle poursuit un objectif de « déstabilisation complète du territoire », contrairement à l’EIGS, qui cherche à y implanter un « califat », indique Jean-Marc Gravellini.
Un terreau « très favorable »
Ces deux groupes – en compétition l’un avec l’autre – ont prospéré sur un terreau rendu « très favorable » par les tensions entre groupes ethniques, la pauvreté extrême, ou la répétition des coups d’État dans la région, énumère le chercheur. Ils ont également profité du départ, en 2022, des forces françaises engagées dans l’opération Barkhane. « La situation n’était déjà pas brillante, mais elle s’est encore aggravée depuis », explique au Parisien un bon connaisseur de la région.
[…]Malgré leur expansion, les groupes djihadistes actifs au Sahel n’ont pour l’instant pas mené d’attentats sur le sol européen. « Ce n’est pas impossible, mais je ne pense pas qu’ils en aient les moyens, ni l’ambition », juge un expert cité précédemment. Les intérêts économiques français dans la région pourraient être menacés, mais ils sont « de plus en plus marginaux », relève pour sa part Jean-Marc Gravellini. « Là où il y a un danger, c’est pour tous les pays voisins », en Afrique de l’ouest, voire au Maghreb, estime-t-il en revanche, mettant en garde contre un « effet domino ». « Pour un continent qui va peser pratiquement un cinquième de la population mondiale d’ici quelques décennies, ce serait un souci majeur », prévient-il.