Depuis plusieurs jours, des messages et vidéos postés sur les réseaux sociaux pointent du doigt les migrants, qui provoqueraient ces incendies pour pouvoir venir plus facilement en Grèce.
Depuis une semaine, la Grèce est à nouveau en proie à de violents incendies, notamment dans les alentours d’Alexandroupolis, au nord-est du pays, près de la frontière avec la Turquie, où plusieurs corps ont été retrouvés, carbonisés par les flammes. C’est dans cette zone reculée, l’une des plus pauvres de Grèce, que nombre de migrants se retrouvent après avoir traversé la frontière, en quête d’un asile dans l’Union européenne. Cette présence d’exilés déchaîne chez certains habitants et internautes des réactions racistes, poussant certains à les accuser d’être à l’origine des incendies.
Ce déchaînement s’est intensifié après qu’un groupe de 13 Pakistanais et Syriens ont été accusés dans une vidéo postée mardi dernier sur les réseaux sociaux, d’avoir été pris en flagrant délit alors qu’ils tentaient d’allumer un incendie près de la ville d’Alexandroupolis. Si ces derniers ont été accusés d’entrée illégale et de tentatives d’incendie criminel par un procureur, une source gouvernementale a cependant affirmé au quotidien grec Kathimerini que les éléments disponibles suggéraient plutôt que les migrants pouvaient être liés à un incendie accidentel.
A la frontière gréco-turque, les migrants sont tenus pour responsables des incendies qui brûlent la forêt depuis six jours par des groupes d’habitants, qui s’organisent pour les chasser.
Avec plus de 73 000 hectares brûlés en six jours, les incendies autour d’Alexandroupoli, ville frontalière avec la Turquie, dans le nord-est de la Grèce, sont désormais les feux les plus dévastateurs jamais enregistrés dans l’Union européenne. Devant des paysages de désolation, la tristesse laisse place depuis deux jours à la rage, voire à la haine envers des boucs émissaires tout trouvés, des migrants, désignés comme responsables des départs de feux par des groupes d’extrême droite agissant dans la région.
(…) Depuis mardi, plusieurs groupes d’hommes, des chasseurs, des pêcheurs de la région frontalière de l’Evros, s’organisent pour patrouiller et débusquer ceux qu’ils appellent les « clandestins ». Dans une vidéo, diffusée par le média en ligne The Press Project, un homme en treillis militaire s’adresse à la foule : « Commencez à patrouiller, prenez toutes les informations nécessaires… Mais s’il vous plaît, pas d’armes, pas de couteaux sur vous, vous allez avoir des problèmes ! Les autorités ne nous laissent pas faire, même si nous faisons face à une guerre hybride ! »
Thanassis Mananas, un journaliste local, le confirme : « Autour d’Alexandroupoli, des patrouilles de civils s’organisent pour attraper des migrants (…). Ils échangent sur des groupes Viber ou WhatsApp et appellent clairement à des actes violents. Je ne participe pas à ces actions, mais plusieurs centaines de personnes se regroupent et le climat est effrayant ! », confie le jeune homme.