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Gabriel Attal a annoncé l’interdiction de l’abaya à l’école ce dimanche sur TF1. Pour l’islamologue Razika Adnani, membre du Conseil d’Orientation de la Fondation de l’Islam de France et membre du conseil scientifique du centre civique du fait religieux, ce vêtement illustre l’adaptation du discours religieux au contexte occidental et la montée du fondamentalisme religieux en France. «Les filles qui portent l’abaya à l’école sont des filles voilées qui enlèvent leur foulard devant la porte de l’établissement.»

En France, le phénomène des filles portant des robes longues et amples à l’école suscite des inquiétudes. L’abaya s’oppose-t-elle à la laïcité? Une question qui en appelle une autre: l’abaya est-elle un signe religieux? Aucun objet n’est en soi un signe religieux. Ce sont les êtres humains qui lui attribuent ce rôle. Il en est de même pour la robe ou le foulard. Les filles qui portent l’abaya à l’école sont des filles voilées qui enlèvent leur foulard devant la porte de l’établissement. De ce fait, leur robe est, pour elles, un signe religieux mais aussi un marqueur de différenciation qui leur permet de se distinguer des autres filles même quand elles enlèvent leur foulard. Le discours religieux veut que les musulmans se distinguent des non-musulmans.

Sur le plan islamique, l’abaya est même plus conforme aux recommandations coraniques que le foulard étant donné qu’aucun verset n’évoque le foulard ni ne dit que la femme doit cacher sa chevelure.   […] Les filles qui portent les abayas au collège et au lycée et qui enlèvent le foulard devant la porte de l’établissement sont dans ce que les religieux appellent «l’adaptation du discours religieux au contexte français» où la laïcité interdit tout signe religieux ostentatoire à l’école.    […]

L’idée est défendue par le prédicateur fondamentaliste Youcef al-Qaradaoui sous le concept de «la jurisprudence des minorités musulmanes» à laquelle il a consacré un livre publié en 2001. […] Elle sous-entend que l’islam ne pose aucun problème et ne nécessite aucune réforme ou changement, mais seulement que certains musulmans vivant en Occident ont des difficultés à pratiquer leur religion et doivent donc adapter certaines de ses règles à leur contexte en tant que minorité. L’adaptation du discours religieux au contexte occidental ou français est donc une jurisprudence de contexte. Elle ne concerne pas tous les musulmans et s’annule d’elle-même lorsque les musulmans ne sont plus en minorité.  […]

L’adaptation du discours religieux fige donc l’islam, mais aussi accroît chez les musulmans d’Occident, qui sont pratiquants, le sentiment de vivre dans des sociétés qui ne leur permettent pas d’être de bons musulmans. Ainsi, si certains se sentent coupables de vivre en Occident et se replient sur eux-mêmes, d’autres multiplient leurs actions pour obliger la loi à s’adapter à leur religion et non le contraire.

Que des filles voilées décident de porter l’abaya est donc un signe de la montée du fondamentalisme religieux et un symptôme de radicalisation dans la manière de porter le voile. L’utilisation du terme abaya révèle un désir des Françaises de confession musulmane de ressembler aux femmes saoudiennes dans leur façon de porter le voile étant donné que ce terme est utilisé dans la péninsule arabique pour désigner une robe longue et ample que les femmes mais aussi les hommes portent. Au Maghreb, c’est le terme gandoura qui est utilisé.

Le Figaro

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