« Il s’agit de notre point de vue d’un grave dérapage ». Le groupe de la Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne est remonté contre les dernières déclarations de Valérie Pécresse. Interrogée par ce groupe sur son dispositif « anti-ghetto », qui prévoit de limiter le nombre de logements très sociaux dans les communes où leur proportion dépasse les 30 %, la présidente de la région Ile-de-France a indiqué qu’il s’agissait avec cette mesure d’« éviter le communautarisme et éviter l’islamisme ».
Ce plafond « anti-ghetto » voulu par Valérie Pécresse a été adopté mi-juillet dans le plan d’aménagement régional et doit entrer en application en 2024. Il a pour « objectif de remettre de la mixité sociale dans les quartiers populaires », ainsi que « l’ascenseur social » et « de la réussite dans les établissements scolaires », a également justifié l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.
Le dispositif jugé « illégal » par une soixantaine d’élus
La mesure fait partie du plan d’aménagement d’Ile-de-France, le schéma directeur de la région (Sdrif), qui doit encadrer jusqu’en 2040 son développement et s’impose aux élus locaux dans leurs plans d’urbanisme. « Nous ne voulons plus de quartier déserté par les classes moyennes et nous ne voulons plus de ghetto », a revendiqué Valérie Pécresse affirmant faire « de la vraie mixité sociale partout en Ile-de-France ». « A Neuilly ? », a rétorqué un élu depuis les bancs de l’opposition de gauche. Neuilly, ville à la population aisée située à l’ouest de Paris, ne comptait que 6,8 % de logements sociaux en 2020.
Il y a huit jours, soixante élus d’Ile-de-France ont signé avec la présidente du groupe Gauche communiste, écologiste et citoyenne Céline Malaisé deux lettres adressées au ministre du Logement Patrice Vergriete et au préfet de Région Marc Guillaume pour faire annuler le plafond, comme l’a révélé 20 Minutes. Fin juin, l’avant-projet du Sdrif avait été retoqué par l’Etat car ne garantissant pas à celui-ci de pouvoir mener à bien notamment sa politique du logement.
L’application de la clause dite « anti-ghetto », qui « freine la production de logements sociaux » dans les zones déjà largement dotées, « conduirait à réduire de 21 % la production sociale moyenne » par rapport à ces dernières années, avait déploré la préfecture.