Un “sas régional” pour les migrants sans-abris va ouvrir ses portes courant mi-octobre à Besançon, dans le Doubs, dans le but de désengorger l’Île-de-France. Nous avons interrogé les associations et professionnels du secteur en Franche-Comté, pour connaître leur ressenti quant à ce dispositif. Ils alertent tous sur une situation critique. Récit.
Mi-octobre 2023, un “sas d’accueil temporaire régional” mis en place dans différentes régions par les préfectures ouvrira à Besançon, en remplacement de celui ouvert à Seloncourt, dans le nord Franche-Comté, quelques mois plus tôt. Ce dispositif, baptisé ainsi par les services de l’État, vise à accueillir des migrants sans-abris en provenance de Paris, pour une durée temporaire. À Seloncourt, 185 demandeurs d’asile, arrivés par groupe d’une cinquantaine, ont été pris en charge, logés et nourris, dans l’ancienne MAS de l’ADAPEI, et ce depuis mai 2023.
Désormais, c’est à Besançon que ce dispositif va se poursuivre à partir de la mi-octobre 2023. L’ambition affichée par les services de l’État ? Déconcentrer Paris, ville particulièrement prisées des demandeurs d’asile, et mieux répartir les migrants pour “améliorer leur prise en charge”. “Besançon est une ville qui offre plus de pérennité pour ce dispositif, car toutes les administrations se situent à proximité pour les demandeurs d’asile. C’est bien plus pratique. La prise en charge dure en moyenne trois semaines. À terme, les personnes iront dans tous les départements francs-comtois. Ils ont un toit, ils sont nourris. C’est un accueil plus humain que dans des gymnases à Paris”, nous explique la préfecture du Doubs.
Des demandes d’asile toujours plus nombreuses
(…) À savoir que le nombre de demandes d’asile a considérablement augmenté. En 2022 et selon les chiffres de vie-publique.fr, 155 773 demandes (mineurs compris) ont été formulées en Guda (guichets uniques de demandes d’asile). Cela représente une hausse de 28,3% par rapport à 2021 et un retour au niveau constaté avant la crise sanitaire. L’Afghanistan, le Bangladesh, la Turquie et la Géorgie sont les premiers pays de provenance des premières demandes d’asile. “On peut mettre en place ce qu’on veut, mais les arrivées sont trop importantes”, nous précise Patrick Boccara, de la Croix Rouge du Doubs, un brin de lassitude dans la voix. “On arrive à saturation. On occupe le terrain, on répond aux gens qui se présentent. On arrive, avec le CCAS, à gérer tout ça pour l’instant. Maintenant, jusqu’à quand ? Je n’en sais rien… On verra bien”, conclut-il.
(…) Que deviennent les migrants après leur passage dans un “sas régional” ? Difficile de le savoir. “On est débordés, c’est le cas à Besançon comme ailleurs. On fait tout ce qu’on peut, les procédures sont très longues. Des gens se retrouvent dans la rue, parce qu’ils ne peuvent plus être hébergés là où ils étaient”. Cette dernière pointe du doigt un déséquilibre concernant la répartition des migrants au niveau régional. “Dans l’absolu, monsieur le préfet du Doubs a raison, mais dans la réalité, il faut une autre répartition régionale. Beaucoup de gens sont envoyés sur Besançon, moins dans le Jura et en Haute-Saône”, indique-t-elle, tout en nous détaillant le véritable calvaire que vivent ses populations extrêmement fragilisées par des parcours personnels emprunt d’énormément de souffrance.