Adorée ou abhorrée, la chaîne d’information en continu du groupe Canal + réunit un public grandissant depuis trois ans. Mais qui la regarde au juste ? Portrait-robot.
Champagne ou soupe à la grimace, c’est selon. En cette rentrée, CNews a signé un triplé qui en réjouira certains et en inquiétera d’autres. Mercredi 20 septembre, ses présentateurs ont découvert, ravis, qu’ils avaient la veille battu BFMTV au classement des audiences. C’est la troisième fois depuis début septembre, un mois où la chaîne d’info devrait enregistrer un record historique avec 2,5 % de part d’audience, se rapprochant de la rivale (3,1 %).
En semaine, Pascal Praud vire carrément au phénomène. Celui qui s’interrogeait encore vendredi sur le lien entre immigration et punaises de lit bat sèchement chaque soir, depuis lundi, Laurent Ruquier, la nouvelle recrue star d’en face. Le matin, avec 375 000 fidèles (14,5 % de PDA), son « Heure des pros » talonne désormais « la Maison des maternelles » de France 2 et arrive régulièrement en tête, devant TF 1 et M 6.
(…) Le public assidu, c’est-à-dire celui regardant la chaîne plusieurs fois par semaine, a en revanche voté deux fois plus pour Éric Zemmour que le reste du pays (14 % contre 7,1 % dans les urnes). Il s’est aussi tourné davantage vers Marine Le Pen (26 % contre 23,3 % pour l’ensemble des Français). Emmanuel Macron, lui, n’a pas été un repoussoir avec 26 % des bulletins en sa faveur (27,5 % au niveau national). Sous-représenté (16 %, contre 22 % au niveau national), Jean-Luc Mélenchon reste le troisième homme de la vie politique pour les mordus de la chaîne.
« Comme tous les diffuseurs, CNews agrège plusieurs strates qui se superposent : les téléspectateurs de passage, ceux intéressés par la politique et les militants qui retrouvent leurs idées à l’antenne », décrypte Philippe Riutort, professeur de sciences sociales au lycée Henri-IV à Paris.
Si les scores restent cantonnés à quelques centaines de milliers de téléspectateurs – pas grand-chose comparé aux plus de 5 millions de personnes qui regardent chaque soir le 20 Heures de TF 1 -, son influence est réelle. « CNews est scrutée par le pouvoir politique car elle incarne un courant d’opinion, confirme l’enseignant en sciences sociales. Mais le poids réel des chaînes d’info reste limité. »
