05/10/2023
Très vite, le président Matthieu Fiorini, avec son passé d’ancien juge d’instruction à Angers, parvient à le faire parler en lui posant des questions sur ses cours et notamment sur les phrases qu’il aurait tenues devant les élèves ce jour-là : « La France est un pays de blancs, qu’il n’y a pas de musulmans. Que les musulmans n’ont rien à faire ici, surtout dans ce lycée, qui est un lycée catholique. » Mais aussi : « À l’époque de Vercingétorix, il n’y avait que des blancs, des purs blancs, de religion catholique. » Frédéric Mortier répond : « L’intention était de provoquer le jeune sur ce qu’il avait envie de dire. On est sur du second degré. »
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« Et les autres propos tenus à caractère racial ? », demande le président. « Je n’ai pas tenu ces propos. Ce n’est pas moi. J’ai travaillé pour les apprentis d’Auteuil, j’ai accueilli des migrants », répond l’enseignant.
Frédéric Mortier dit « ne pas utiliser l’accent africain » mais « l’accent des pays de l’est car c’est mon truc quand un élève n’entend pas et que je dois lui répéter ». La salle réagit vivement.
« Je suis peut-être raciste des pays de l’est », lance-t-il au tribunal. Puis il ajoute : « L’enseignement avec l’humour n’est peut-être plus possible aujourd’hui et c’est ce qui me conduit devant vous. »
Il est compliqué de suivre ses propos, ses explications. « Ma pédagogie est risquée. Elle est devenue risquée en raison de la société qui change. Je regrette qu’on en soit arrivé là. Je leur souhaite le meilleur pour la suite. »
12/12/2021
Une convocation en justice pour le 4 mai 2022 lui a été remise. Il sera jugé par le tribunal correctionnel pour des faits de harcèlement, provocation publique à la discrimination en raison de la religion et dénonciation calomnieuse.
Lors d’un cours dans cet établissement catholique sous contrat, l’enseignant aurait « invité » l’un de ses élèves musulmans à « changer de religion ». Ouest-France rapporte que le professeur aurait dit en classe, le 30 novembre dernier, que « les établissements catholiques auraient dû continuer à n’enseigner qu’à des élèves de confession catholique ». Avant de poursuivre : « Depuis Vercingétorix, la France est un pays catholique et blanc ». L’enseignant, joint par Le Monde, plaide un trait d’humour mal compris, même s’il admet « ne pas avoir employé le bon ton ».
« J’enseigne le droit et l’histoire juridique qui est beaucoup rattachée au catholicisme et à la chrétienté. Une élève me dit qu’il n’y a pas de religion en France, que la seule qui existe c’est la laïcité. Je lui rappelle qu’on est dans un établissement catholique, qu’à une époque des prêtres et des sœurs enseignaient à ma place et que les élèves étaient catholiques. Et, au second degré, je dis que si des musulmans le veulent, ils peuvent nous rejoindre », expliquait-il à nos confrères avant sa garde à vue.
Le professeur craint en effet pour sa sécurité, dans le contexte actuel: “Je ne veux pas devenir un nouveau Samuel Paty”, a-t-il déclaré. Il prétend avoir invité les “musulmans à devenir catholiques” avec “second degré et humour”. Il reconnaît avoir dit “qu’à une époque, les élèves étaient plutôt catholiques dans les établissements catholiques” dans le cadre d’un cours de “droit” de “d’histoire de France”.
08/12/2021
Un élève de première du lycée professionnel et catholique Joseph-Wresinski d’Angers a déposé plainte contre l’un de ses professeurs jeudi 3 décembre. Il lui reproche des injures liées à sa religion. L’enseignant, qui a été suspendu à titre conservatoire, s’en défend et a porté plainte à son tour, dénonçant des violences.
L’élève indique dans sa plainte que l’enseignant a déclaré : “Les établissements catholiques auraient dû continuer à n’enseigner qu’à des élèves de confession catholique”. Mais selon Ouest-France, un autre élève de la classe aurait contesté les dires de son professeur et lui aurait lancé : “Les établissements catholiques ne sont pas réservés aux catholiques”, tout en montrant un camarade de classe de confession musulmane. Dans sa plainte, ce dernier précise que l’enseignant a répondu, “c’est le problème”, en le désignant et en ajoutant qu’il pouvait “changer de religion”.
Plainte contre plainte
Ces propos auraient provoqué les contestations de la classe. L’élève s’est levé pour quitter la salle. Il aurait lancé “raciste !” à l’enseignant et l’aurait bousculé. Vendredi 3 décembre, le professeur d’éco-gestion a, à son tour, déposé plainte au commissariat d’Angers pour “violences sur une personne chargée d’une mission de service public”. Il a précisé que les propos tenus face à la classe l’ont été “au second degré”. Le procureur de la République Éric Bouillard confirme le dépôt de “plaintes croisées” et indique que “l’enquête ne fait que débuter”.
« 20 % de nos élèves sont musulmans »
Enfin, Anthony Bélangé souhaite qu’aucun amalgame ne soit effectué entre cet événement et les valeurs défendues dans son lycée. Il rappelle que les établissements catholiques n’ont pas vocation à accueillir des catholiques seulement. “20 % de nos élèves sont de jeunes musulmans” note-t-il. “On vit très bien tous ensemble. Nous défendons la laïcité, le respect des croyances de chacun”.