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La structure d’accueil avait déjà fermé ses portes une première fois il y a un peu moins de deux ans. Les membres de l’association dénoncent une inaction de l’État en matière d’hébergement d’urgence.
Un peu moins de deux ans après la fermeture temporaire des Terrasses solidaires de Briançon, les associations ont décidé une nouvelle fois de fermer la structure d’hébergement d’urgence.

Une fermeture pour manifester contre ce qu’elles considèrent comme une inaction de l’État en matière d’accueil, et obtenir un engagement du gouvernement pour l’hébergement d’urgence.

“Les bénévoles sont épuisés, la capacité d’accueil est quotidiennement dépassée, et la sécurité des occupants n’est plus assurée”, se désole un bénévole auprès de BFM DICI.

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BFM

Agathe Nadimi, fondatrice de l’association Les Midis du MIE explique la décision d’arrêter les distributions de nourritures aux mineurs isolés non accompagnés organisées quatre midis par semaine depuis sept ans. Elle se veut un acte politique et engagé de dénonciation de l’abandon par les pouvoirs publics.

Après sept ans d’existence, l’association Les Midis du MIE arrête les distributions alimentaires pour les jeunes exilés qu’elle tenait quatre fois par semaine. Pourquoi une telle décision ?

Agathe Nadimi : Nous n’arrivions plus à faire face au nombre grandissant de ces jeunes laissés à l’abandon par les pouvoirs publics. Nous ne pouvions plus répondre aux demandes d’aide de première nécessité, incessantes. Nourrir 200 jeunes, ce n’est pas la même chose que d’en nourrir 450, comme en juin lors de notre dernière distribution. Il faut aussi beaucoup de forces humaines pour les encadrer lors des distributions, notamment parce que nous avons toujours fait en sorte que la douceur et la bienveillance soient au cœur de ces rendez-vous au jardin Pali-Kao (dans le 20e arrondissement de Paris, officiellement jardin Gabriële-Buffet, N.D.L.R). Ce sas de respiration était à la fois dans la beauté et la gaieté que dans la possible explosion du désespoir. Ce n’était plus gérable. Notre décision vient donc de l’inaction des pouvoirs publics, de l’indifférence, de l’usure, face à notre quotidien qui consistait à toujours faire plus, à repousser les limites pour que tout se passe bien, pour garder l’énergie des bénévoles… Mais le constat était implacable : toutes les limites avaient déjà été franchies. La décision d’arrêter est aussi un acte engagé et politique pour visibiliser ce qu’on a fait depuis des années sur l’alimentaire, l’hébergement, l’aide d’urgence, c’est-à-dire les missions d’accueil que l’État aurait dû assurer. Nous nous sommes sentis complètement abandonnés.

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La préfecture a demandé à la mairie de Paris de nous assigner en justice car c’était un bâtiment municipal, comme si c’était un squat. Ainsi, elle pouvait nous rétorquer qu’il fallait attendre une décision de justice d’expulsion pour lancer une opération de mise à l’abri. Chaque association a donc reçu une date d’audience… sauf qu’on n’a pas pu tenir jusque-là. Nous avons quitté les lieux le 20 juin. Toujours pour les mêmes raisons : pas assez de forces humaines pour gérer 400 à 600 jeunes en situation traumatique dans un espace surpeuplé sans eau ni électricité. Chaque nuit on évitait un drame : les attaques de l’extrême droite, les gamins qui s’embrouillent, la file de distribution la nuit, les voisins pas toujours conciliants… Le diagnostic était connu de tous, mais la mairie de Paris nous a juste mis deux bennes à ordure et un robinet dans la rue.

Politis

Olivier rebondit : “On savait que ça allait être dur de s’engager ainsi. Mais à ce point, ça nous dépasse. Pour nous, il faudrait même peut-être rencontrer un professionnel, pouvoir parler de tout ce qu’on voit ces derniers temps.” Les dernières semaines ont été particulièrement intenses pour les bénévoles. Phénomène plutôt rare, la Côte d’Opale a connu quinze jours de beau temps en continu, sans un nuage et avec une mer calme. En cette fin d’été, les dépars sont alors massifs. “On en sort épuisé, physiquement et moralement” décrit Olivier “il y a des fois où je suis ailleurs, même à la maison. Je pense à ces scènes… J’ai du mal à en parler à ma femme et ma fille par exemple.” 

France 3

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