11/10/2023
Mohamed Lamine Aberouz, jugé pour complicité dans l’assassinat d’un couple de policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines) le 13 juin 2016 au nom de l’organisation Etat islamique (EI), a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. (…)
(Merci à Gaëlle.)
24/09/2022
Sept ans après l’assassinat d’un couple de policiers dans les Yvelines, le procès d’un homme accusé de complicité s’ouvre lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Les forces de l’ordre restent marquées par cette attaque, perpétrée au domicile du couple.
“Toute ma vie, je me souviendrai de ce petit garçon qui est sorti dans les bras d’un membre du Raid. Et puis on a su que Jessica avait été égorgée… C’était la sidération dans les effectifs. Une sidération que je n’avais jamais vue. Et que j’espère ne jamais revoir.” Julie* se remémore avec une émotion intacte la soirée du lundi 13 juin 2016. Cette policière des Yvelines comptait parmi les premiers effectifs qui se sont rendus à Magnanville, chez Jean-Baptiste Salvaing, commandant, adjoint du chef de la sûreté urbaine du commissariat des Mureaux, et sa compagne Jessica Schneider, agent administratif au commissariat de Mantes-la-Jolie. C’est au sein de leur domicile que Larossi Abballa, âgé alors de 25 ans et condamné en 2013 pour sa participation à une filière jihadiste, a tué Jessica Schneider. Il s’en est ensuite pris à son compagnon, avant de prendre en otage leur fils, âgé de 3 ans à l’époque. Le terroriste a été tué lors de l’intervention du Raid, après avoir revendiqué l’attaque au nom du groupe Etat islamique.
Sept ans plus tard, le procès de cet attentat s’ouvre, lundi 25 septembre, devant la cour d’assises spéciale de Paris. Un seul accusé comparaît, pour complicité d’assassinats terroristes. Il s’agit de Mohamed Lamine Aberouz, dont l’ADN a été retrouvé sur le repose-poignet de l’ordinateur de Jean-Baptiste Salvaing et de Jessica Schneider. Il est accusé d’avoir désigné le couple à Larossi Abballa parce qu’ils étaient policiers et d’être entré dans leur pavillon le soir de l’attaque. La perspective de l’audience, prévue jusqu’au 10 octobre, rouvre chez les forces de l’ordre une plaie jamais totalement refermée.
“Magnanville, c’est une déflagration”
Aujourd’hui, Julie n’exerce plus dans les Yvelines. Mais pendant les mois qui ont suivi l’attentat de Magnanville, elle a observé, au sein de son service, les conséquences du traumatisme. “Il y a eu le jour J à gérer. Et puis les suivants”, souligne-t-elle. Les fonctionnaires meurtris sont encouragés à consulter la médecine de prévention. Au cours de l’été qui suit l’attentat, les arrêts-maladies se multiplient. “Une trentaine”, sur un effectif de 250 personnes, se souvient Julie. Selon elle, une vingtaine de policiers demandent aussi leur mutation. “Ce n’était pas prévu. Des collègues se sentaient menacés et n’arrivaient plus à revenir au travail, y compris de très bons éléments. Pour d’autres, c’étaient les conjoints qui refusaient qu’ils aillent sur le terrain. Ils avaient peur”, relate la policière.
“Pour la première fois, des fonctionnaires de police étaient visés chez eux. Toute la communauté policière a été touchée, au-delà des Yvelines.”Julie*, policière
à franceinfo
Chez certains, la fonctionnaire constate aussi un désir de vengeance, “l’envie de s’en prendre à la terre entière”. La colère prédomine au moment de l’attentat et perdure sept ans après le traumatisme. “Magnanville, c’est une déflagration. On est touché en tant que flic, parent et collègue”, expose une policière de 50 ans qui exerce en Ile-de-France et préfère conserver l’anonymat. “Après cet attentat, on se dit que ça peut aller loin. C’est un point de bascule : à partir de ce moment-là, on veut tous être armés.”
En juin 2016, le djihadiste Larossi Abballa poignardait à mort Jean-Baptiste Salvaing, commandant de police, avant d’égorger sa compagne Jessica Schneider, agente administrative dans un commissariat, à leur domicile. Sept ans après cet attentat qui a durablement traumatisé la police française, un procès débute ce lundi 25 septembre à Paris, et vise un éventuel complice du terroriste : Mohamed Aberouz.
Traqués jusque chez eux. Poignardés sous les yeux de leur enfant. Tués parce que policiers. Le 13 juin 2016, le djihadiste Larossi Abballa assassine Jean-Baptiste Salvaing, commandant de police, alors qu’il regagne son domicile à Magnanville (Yvelines), avant d’égorger sa concubine, Jessica Schneider, agente administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie. Le terroriste se retranche alors à l’étage, couteau à la main, en prenant en otage leur fils Damien*, âgé de 3 ans et demi. Depuis la fenêtre, il harangue les voisins : « Vous êtes chez nous. On vient chez vous. C’est de la part de l’État islamique, j’ai des armes, j’ai des otages. » Alors que des véhicules de la Brigade anticriminalité (BAC) arrivent sur les lieux, sirènes hurlantes, il se filme en direct sur Facebook en revendiquant son crime, avant de prêter allégeance au calife de l’État islamique. Terrifié par l’égorgement de sa mère, le petit Damien restera entre les griffes du djihadiste pendant des heures, jusqu’à ce que ce dernier soit abattu de 22 balles par le Raid, à l’issue de vaines négociations. L’enfant sera recueilli en état de choc.
De toute la vague d’attentats meurtriers de la période 2015-2016, celui-ci a causé la psychose la plus importante au sein des forces de police française. Elles ne se sont plus senties en sécurité, même chez elles. Sept ans après, un procès pour « complicité » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle » s’ouvre lundi 25 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. Larossi Abballa mort, ne siégera dans le box qu’un seul accusé : Mohamed Aberouz. Un ami d’enfance du terroriste. Un islamiste dont le rôle reste trouble dans cet attentat constellé de zones d’ombre.
1. LE MYSTÈRE DE LA CIBLE
Pourquoi Larossi Abballa a-t-il spécifiquement visé ce couple de policiers ? Comment les a-t-il connus ? Découvert où ils habitaient ? Malgré des années d’enquête, le principal mystère de cette affaire n’a jamais été percé. Le terroriste n’avait « aucune connaissance personnelle » des policiers, relèvent les magistrats instructeurs. Cet islamiste local, fiché « S », déjà condamné pour appartenance à une filière d’envoi de djihadistes au Pakistan ne les avait même jamais rencontrés. Et pourtant, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissariat des Mureaux, aurait eu toutes les raisons de croiser la route de son futur meurtrier : il participait fréquemment à la vague de perquisitions administratives qui visait la nébuleuse islamiste locale – comme celle de la mosquée salafiste Tarik Ibn Zyad – une mouvance que fréquentait Larossi Abballa.