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Les obsèques du professeur assassiné par un ancien élève radicalisé ont eu lieu ce jeudi matin. Une cérémonie chargée d’émotion, suivies par une foule composée d’élèves, d’enseignants et d’anonymes, encore sous le choc.

Sur l’écran géant dressé face au beffroi, place des Héros, à Arras (Pas-de-Calais), apparaît, en direct, le cercueil dans lequel repose Dominique Bernard. Il est accompagné vers la sortie de la cathédrale et le corbillard par un concerto pour deux violons de Bach sonnant, ce jeudi à midi, la fin des funérailles.


La messe se veut sous le signe des Évangiles, des « louanges à toi Seigneur Jésus », des belles voix de cantiques, des plumes brillantes et dignes à l’instar de celle d’Isabelle, la veuve. Elle dresse le tableau d’un mari érudit qui, pêle-mêle, « aimait Flaubert », « Shakespeare », « Kubrick », « Van Gogh », « Picasso », « Beethoven », « les cathédrales », « l’Italie », « la Provence », « les étangs », « les glaciers préférés du Routard »…

Un savant qui « n’aimait pas l’informatique », « les réseaux sociaux », « la foule », « le bruit et la fureur du monde », les « honneurs » et « les cérémonies qu’il avait en horreur. » C’est pourtant toute une nation qui, depuis une semaine, se recueille en mémoire de ce transmetteur de savoirs nommé, le jour de ses obsèques, au grade de chevalier de la Légion d’honneur par la présidence de la République. Isabelle conclut sur les passions de son époux « sensible », celles qui ne sont pas culturelles : « Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa sœur. Nous nous aimions. »

« Ce clou, il s’est planté en toi d’une haine aveugle »

Sous la nef, c’est au tour d’Aurélie, une ancienne collègue, de faire l’éloge funèbre de « Dominique ». Elle voit pour l’éternité sa « silhouette sur le perron du lycée » où il a « usé tant de semelles. » Elle se souvient qu’il y interpellait, avec ironie et un sacré sens de la formule, les clopeurs en herbe : « Alors, on se fume un petit clou de cercueil ? »

« Tu ne l’as pas cherché ce clou, il s’est planté en toi d’une haine aveugle et primitive. Te voilà élevé au rang des martyrs, toi l’homme discret », rappelle cette professeure. Un portrait immortalise Dominique Bernard. Il est en bermuda de randonneur, un guide touristique sur la Bretagne dans la main, accoudé sur une statue lors d’une évasion à Nantes.

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Le Parisien

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