On voit en France et dans les populations européennes un fort soutien à la cause palestinienne… Cela en dit-il long sur l’état des fractures produites par le multiculturalisme ?
Chez les musulmans dans toute l’Europe, comme partout ailleurs, oui. Cela ne devrait pas surprendre. Tout s’est envenimé par l’absence de solutions. Notre aveuglement a laissé les propagandistes wahhabites ou salafistes faire campagne sans résistance dans les populations musulmanes d’Europe, qui ne voient la question du Proche-Orient que comme « coloniale ». Déjà, il y a une vingtaine d’années, les principaux imams français avaient confié à Jean Daniel « qu’au moins la moitié de la jeunesse musulmane rejette la République, veut la charia ». Qu’a-t-on fait contre ça ? Il y a eu une naïveté multiculturaliste, universaliste et migratoire phénoménale en Europe. On en sort, dans la douleur. Je ne comprends pas que les dirigeants européens se soient laissés impressionner par le concept d’« islamophobie » inventé par des islamistes pour paralyser toute résistance à leur progression.
Pensez-vous que l’opinion des pays occidentaux sur ce conflit ait changé, aussi bien à la faveur d’une évolution démographique que de la progression des idées décoloniales, qui assimilent Israël au mal absolu ?
Du fait d’une immigration massive et incontrôlée, il y a en Europe un nombre de musulmans sans précédent. Attention, nous avons besoin d’immigration, choisie et négociée, et l’immense majorité des musulmans cherche à s’intégrer ! Mais le fait que beaucoup d’entre eux se sentent concernés par ce qui se passe à Gaza n’est pas étonnant. L’amalgame qu’ils font entre la colonisation, les Palestiniens, le Hamas, etc., nous choque, mais tout a été fait pour ! En Amérique, le soutien à la politique israélienne devient moins systématique. Même le Wall Street Journal découvre la souffrance palestinienne. C’est le résultat des gouvernements Nétanyahou.