Deux habitantes du quartier du Chapitre, à Marseille (1er), ont été violemment agressées. Le secteur est miné par le trafic de drogue et la prostitution. Elles témoignent.
(…) Mélissa et Anissa portent sur elles les stigmates de l’agression qu’elles ont subie il y a 24 heures. L’une a un œil au beurre noir, l’autre une trace sur le front et une minerve.
(…) « Ce n’est pas normal d’avoir peur de rentrer chez soi, d’être sans cesse en hypervigilance. Je regarde toujours derrière moi quand je marche dans ce quartier », déplore Anissa. Elle ne supporte plus de constater la « lente dégradation » qui touche sa ville.
On a tendance à “romantiser” et donc à banaliser la violence à Marseille. On dit qu’on aime Marseille pour les mêmes raisons qu’on l’a déteste… Je ne suis pas d’accord, il faut que ça change ! J’évite des sorties avec des amis le soir, car je crains de rentrer chez moi. Quand je rentre en taxi, je demande à ce que le chauffeur me voie rentrer chez moi avant de partir.
Anissa
Mélissa et Anissa vont quitter Marseille
Mélissa va bientôt quitter la cité phocéenne et c’était de toute manière prévu. « Je veux profiter de mes derniers mois à Marseille, de mes amis, concrétiser des projets dans le quartier. Si je ne savais pas que j’allais partir, j’aurais quand même quitté Marseille. C’est une situation ingérable ».
Même son de cloche pour Anissa. « Je ne peux pas rester dans un endroit où je ne me sens jamais en sécurité », déplore-t-elle.
Je ne veux pas me laisser écraser par la peur, je refuse de continuer de vivre comme ça. Je ne sais pas si l’Etat ou la municipalité savent quoi faire. Peut-être investir de l’argent dans le social, l’éducation, la santé, la police de proximité ? Je veux, en tout cas, continuer à vivre selon mes valeurs.
Mélissa
(Merci à Tara King)