03/11/2023
Plus d’une vingtaine de grands cabinets d’avocats américains ont envoyé mercredi une lettre aux doyens des écoles de droit les mieux classées du pays pour exprimer leur inquiétude face à une vague d’antisémitisme et d’intimidation sur les campus universitaires, dans le contexte des derniers combats entre Israël et le Hamas.
Les 27 cabinets ont exhorté 14 des meilleures écoles de droit des États-Unis à adopter une “position sans équivoque” contre la discrimination et le harcèlement et ont déclaré qu’ils “attendaient avec impatience” d’apprendre des écoles de droit comment elles abordaient la situation sur leurs propres campus.
“Il n’y a pas de place pour l’antisémitisme, l’islamophobie, le racisme ou toute autre forme de violence, de haine ou de sectarisme sur vos campus, sur nos lieux de travail ou dans nos communautés”, peut-on lire dans la lettre des cabinets, qui cite des cas de harcèlement antisémite, de vandalisme et de rassemblements appelant à l’élimination d’Israël sur les campus universitaires.
Un porte-parole de Sullivan & Cromwell a déclaré jeudi que Joseph Shenker, président du cabinet, était à l’origine de la lettre adressée aux facultés de droit connues dans l’industrie juridique sous le nom de “T-14”, telles qu’elles sont classées par U.S. News & World Report. Parmi les autres signataires figurent certains des cabinets d’avocats les plus importants et les plus rentables du pays, notamment Cravath, Swaine & Moore, Latham & Watkins, Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom et Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison.
Le doyen de la faculté de droit de l’université de Californie à Berkeley, Erwin Chemerinsky, a déclaré jeudi qu’il se félicitait de la déclaration des cabinets condamnant l’antisémitisme, l’islamophobie et le racisme, mais qu’il n’était pas certain des prochaines étapes.
“Je ne sais pas exactement ce que les cabinets d’avocats demandent aux facultés de droit de faire, mais il est certainement de notre rôle de protéger la liberté d’expression de tous nos étudiants, tout en veillant à ce que l’environnement d’apprentissage soit propice et en préparant les étudiants à l’exercice du droit aux plus hauts niveaux de la profession”, a déclaré M. Chemerinsky.
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La lettre des cabinets d’avocats intervient après qu’au moins deux grands cabinets, Winston & Strawn et Davis Polk & Wardwell, ont annulé les offres faites à de nouveaux associés qui avaient fait ou signé des déclarations publiques de soutien à la Palestine à la suite des attaques meurtrières du Hamas en Israël.
12/10/2023
Harvard : Face à un communiqué pro-palestinien de dizaines d’associations étudiantes, des patrons déclarent ne vouloir embaucher aucun des signataires
Les répliques sismiques de l’attaque terroriste conduite par le Hamas contre Israël se constatent sur les campus américains. On le sait depuis des années : le conflit israélo-palestinien y est l’un des sujets les plus passionnels et controversés. La prestigieuse université d’Harvard est particulièrement touchée. Dans un communiqué commun publié dès le 8 octobre, une trentaine de groupes de solidarité avec la Palestine, provenant de nombreux départements, ont estimé que « le
régime d’apartheid » israélien était « entièrement responsable » des violences en cours. Soulignant que la population de Gaza vivait dans une « prison à ciel ouvert », le texte affirmait que « la violence israélienne a structuré chaque aspect de l’existence palestinienne depuis soixante-quinze ans ».
« Je n’ai jamais été aussi désillusionné et aliéné que je le suis aujourd’hui », a réagi l’économiste Larry Summers. L’ancien président de l’université a mis en cause la direction actuelle de l’établissement pour son incapacité à prendre ses distances avec ce communiqué et le condamner. Il est vrai que son premier texte, publié le 9 octobre, était bien flou. Reconnaissant à quel point l’attaque du Hamas et ses conséquences avaient suscité parmi la communauté étudiante des « sentiments de peur, de tristesse, de colère », la direction proposait à tous d’« approfondir les connaissances » sur les événements en cours au nom de « notre humanité commune et de valeurs partagées ». Les mots « dialogue », « empathie » et « compassion » étaient bien intentionnés, mais ils ne répondaient pas directement au texte incendiaire des groupes propalestiniens.
La polémique a redoublé de vigueur. Des élus républicains comme la représentante Elise Stefanik (New York) ou le sénateur Ted Cruz (Texas), diplômé de la faculté de droit de Harvard, ont mis en cause la direction de l’école. Le démocrate Jake Auchincloss (Massachusetts) était sur la même ligne. A Harvard, un texte alternatif a émergé, soutenu par plusieurs milliers d’étudiants ou d’anciens élèves, ainsi qu’une partie du corps enseignant. Il qualifie le communiqué propalestinien de « complètement erroné et profondément offensant », appelant les signataires à retirer leur nom de la liste. Le milliardaire Bill Ackman, qui dirige le fonds d’investissement Pershing Square Capital Management, a réagi sur X (ex-Twitter) en affirmant que la liste des signataires devait être rendue publique. Il dit avoir été contacté par d’autres patrons voulant éviter de « recruter par inadvertance » le moindre d’entre eux.
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De son côté, M. Summers continuait de tonner contre la direction. « Pourquoi ne peut-on trouver quelque chose approchant la clarté morale des communiqués de Harvard après la mort de George Floyd ou l’invasion russe en Ukraine, lorsque des terroristes tuent, violents et prennent en otages des centaines d’Israéliens assistant à un festival de musique ? » écrivait-il sur X. Dans la soirée du 10 octobre, Harvard a fini par publier un texte plus court et plus précis, par la voix de sa présidente, Claudine Gay.
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