TRIBUNE – L’antisémitisme qui se manifeste en France à la faveur de la guerre entre le Hamas et Israël illustre l’échec du «vivre ensemble», analyse l’ancien ministre Pierre Lellouche.
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Nous sommes donc, je le crains, en train d’entrer dans un autre monde, pour l’avenir des juifs, bien sûr, mais aussi pour nos démocraties. Ces dernières sont confrontées, du fait de l’immigration musulmane de masse de ces 40 dernières années, à une véritable fracturation de leur tissu social et politique selon des lignes identitaires religieuses et ethniques. Davantage tolérées aux États-Unis ou au Royaume-Uni, de telles revendications ou affirmations identitaires heurtent frontalement chez nous l’idée de Nation ou de République, telles que nous les ont léguées Renan, Clemenceau ou de Gaulle.
Une chose est sûre : le « vivre ensemblisme », héritage du « touche pas à mon pote », est désormais mort et enterré, et avec lui, les illusions du soi-disant « Faire nation » chères à l’actuel président de la République. La vérité est que la doxa antiraciste revendiquée par l’extrême gauche a produit un racisme « à l’envers » anti -Blanc et surtout anti- juif, LFI jouant le rôle d’idiot utile des milieux islamistes fréristes engagés dans la conquête systématique de territoires gérés par eux au fil d’élections locales remportées, comme à Stains par exemple, par des listes ethniques. Peu à peu, la France découvre qu’elle n’est plus qu’un assemblage de quartiers ethniquement homogènes, coexistant sans empathie et souvent dans une violence quotidienne les uns à côté des autres, sur un même territoire. Les uns s’installant dans la peur, les autres dans la revanche … avant peut être de s’affronter un jour. De ces quartiers-là, les juifs ont déjà dû partir, comme il y a 60 ans, ils durent quitter les pays musulmans où ils étaient établis depuis des siècles.
Ayons le courage de regarder les choses en face : la nation française, soudée autour de notre histoire millénaire, de notre langue et d’une vision commune de l’avenir n’est plus aujourd’hui, hélas, qu’une chimère, que l’invocation abstraite des fameuses « valeurs de la République », ou l’inauguration à grands frais du château de Villers-Cotterêts, peinent à masquer. Tout est à reconstruire, à commencer par notre non-politique d’immigration, si nous voulons éviter de voir s’établir chez nous des enclaves hors contrôle, comme autant de Kosovos…
(…) Comme tétanisé par nos fractures intérieures, Emmanuel Macron a commencé par proposer l’élargissement de la coalition politico-militaire contre Daesh à la lutte contre le Hamas, pour rétropédaler à toute vitesse après avoir reçu en pleine face l’incompréhension et la colère des chefs de gouvernement arabes, et celle de la rue en France : « Israël assassin, Macron complice »… Résultat : la France n’a plus rien à dire en Orient, laissant Washington seul en charge de penser la paix, pourtant indispensable demain.