Alors que se tient à partir de lundi le congrès des maires à la porte de Versailles, à Paris (XV e), Emmanuel Macron prône un nouvel acte de décentralisation. David Lisnard attend des actes concrets pour juger, conscient que cette promesse a déjà été faite à plusieurs reprises depuis les Gilets jaunes. Alors que les violences faites aux élus sont toujours en nette hausse, l’Association des maires de France (AMF) lance un programme de formations des édiles aux situations de crise par le GIGN et le Raid pour leur apprendre à désamorcer une situation de conflit.
Pourquoi avoir pris comme mot d’ordre « Les communes attaquées, la République menacée » pour le congrès de l’AMF ?
David Lisnard. Parce que les maires perdent du pouvoir d’action et que notre pays a besoin d’actions locales. Aussi, parce que les élus sont en première ligne face aux violences qui s’en prennent au coeur de la République française, notamment les écoles. Nous rendrons jeudi un hommage à Samuel Paty – en présence de sa soeur -, à Dominique Bernard et à tous les enseignants. Pendant les émeutes urbaines de juillet, 168 écoles ont été détruites, ça n’était jamais arrivé dans l’histoire du pays ! Le président avait dit : « Qui avait vu venir ça ? » Beaucoup d’élus locaux. Les dégradations dans les communes de 5 000 à 20 000 habitants ont augmenté de 38 % depuis 2017. Il y aura d’autres émeutes urbaines, on ne sait juste pas dire quand. […]
Vous dites qu’il y aura d’autres émeutes. À quoi le sentez-vous ?
Le jour où l’on s’attaquera en profondeur au trafic de stupéfiants en réprimant systématiquement, en refondant le Code de procédure pénale des mineurs – lesquels sont utilisés comme chair à dealers -, en tarissant les sources d’approvisionnement, on sait que les armes automatiques qui n’ont pas été utilisées lors des précédentes violences urbaines sortiront. Ensuite, une partie importante de la population se sent extérieure à la République française. Le système social-étatiste en place a habitué les individus à réclamer à l’État. Mais il faudra bien un jour couper le robinet du guichet des aides. Sortir de cette accoutumance va créer des violences. […]
Le projet de loi Immigration arrive bientôt à l’Assemblée. Faudra-t-il le voter ?
L’immigration massive pose un problème massif au pays. Le ministre de l’Intérieur accompagne ce texte de considérations enflammées sur le retour de l’autorité, mais ça ne fonctionnera pas. Les flux migratoires ne sont pas contrôlés parce que la politique européenne ne le permet pas, parce qu’on ne sort pas des impasses juridictionnelles imposées notamment par la Cour européenne des droits de l’homme, parce qu’on ne veille pas en France à l’exécution des choses. Affirmer qu’avec ce texte, on réglera les problèmes de l’immigration, c’est tromper les gens. Pour un sujet majeur comme celui-là, toute politique qui ne permettrait pas de régler le problème doit être rejetée, au risque sinon d’amplifier la défiance civique et de favoriser les extrêmes. Si on avait voulu vraiment mettre un terme au désordre migratoire, ce que demandent les Français, on ne se serait pas contenté d’une énième loi mais on aurait mis en place les évolutions constitutionnelles proposées par LR et réorganisé les services de l’État concernés. Il est donc inutile de voter ce projet de loi.
Le Parisien