Aujourd’hui, le RN est de manière claire la première force politique en France, loin devant une gauche éclatée, une majorité en difficulté et une droite réduite à la portion congrue.
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Au-delà des idées, Marine Le Pen a réussi à améliorer son image sur des terrains où jusqu’alors elle était faible: la compétence et la capacité à réformer. 51 % des Français la considèrent comme «compétente», 50 % comme «capable de réformer le pays» (Elabe). Tout cela en gardant une image de proximité: dans le baromètre d’image du RN réalisé, en décembre 2022, par Kantar Public-Epoka, 52 % des citoyens jugent qu’elle «comprend les problèmes quotidiens des Français». C’est une réelle force tant cela contraste avec l’image de représentants politiques déconnectés des réalités.
Une majorité absolue de Français lui accorde l’aptitude à mettre en œuvre de bonnes politiques publiques dans les secteurs de la sécurité (58 %) et de l’immigration (55 %). Mais aujourd’hui (Elabe, septembre 2021), ses performances sont loin d’être négligeables sur les terrains de l’éducation (48 %), la santé (46 %), le pouvoir d’achat (45 %) et même l’économie et l’emploi (44 %).
Le désir de changement et la capacité à l’incarner pour Marine Le Pen progressent. En septembre 2023, 49 % des personnes interrogées pensent qu’il «faut donner une chance à Marine Le Pen et au Rassemblement national car on ne les a jamais essayés». 48 % considèrent que «le Rassemblement national propose des bonnes solutions aux problèmes du pays», 46 % qu’il est «un parti crédible et compétent pour gouverner le pays».
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À tous ces facteurs de fond, il faut ajouter les «bons auspices» de la conjoncture. Les émeutes urbaines de fin juin, le redémarrage du terrorisme islamiste avec le massacre du 7 octobre sur la terre
d’Israël, l’attentat d’Arras le 13 octobre contre le professeur Dominique Bernard, l’impression d’une scène française contaminée par l’affrontement du Proche-Orient avec une judéophobie de plus en plus explicite de Jean-Luc Mélenchon et d’une partie de LFI… (…) Ainsi, dans l’état actuel de confusion de la classe politique (éclatement de la Nupes, divisions au sein de la majorité, difficultés d’existence de la droite classique), le RN peut apparaître comme un pôle de stabilité et de lisibilité. La répartition des tâches entre Marine Le Pen présidente du groupe parlementaire à l’Assemblée et candidate incontestée et Jordan Bardella président du parti, l’incarnation d’un RN capable de se renouveler (Sébastien Chenu, Edwige Diaz, Jean Philippe Tanguy, Hélène Laporte…) et la volonté de ne pas ajouter du chaos à la confusion ambiante, sont en train de positionner le RN comme repère. L’opposition, c’est lui: 45 % des Français pensent que Marine Le Pen et le RN sont ceux qui incarnent le mieux l’opposition à Emmanuel Macron. Ce ne sont que 19 % qui pensent de même pour Jean-Luc Mélenchon et l’union de la gauche Nupes, et 8 % pour les dirigeants du parti Les Républicains. 61 % des Français pensent désormais que Marine Le Pen peut gagner la prochaine présidentielle.
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