25/11/2023
Les ordres de maintien en détention et mandats d’arrêt ont plu ce matin au tribunal correctionnel de Marseille où était rendu le délibéré du procès des “Arrow Bagas”, la branche marseillaise d’une redoutable mafia nigériane. Depuis le 6 novembre dernier, 15 prévenus comparaissaient devant la justice pour des faits de proxénétisme aggravé, de trafic de migrants, d’armes et de deux viols en réunion d’une particulière gravité notamment. Onze d’entre eux étaient présents ce matin.
Six prévenus ont été condamnés à 10 ans de prison, un à 8 ans, deux à 7 ans, deux à 6 ans, deux à 5 ans, un an 3 ans. Toutes ces peines ont été assorties de maintiens en détention ou de mandats d’arrêt. Un seul a échappé à l’incarcération, condamné à 4 ans de prison dont 2 ans ferme, une période qu’il a déjà purgée en détention provisoire. (…)
06/11/2023
Réseaux d’immigration clandestine, proxénétisme, viols. Pendant trois semaines, au tribunal correctionnel de Marseille, la justice va plonger au cœur du fonctionnement des « Arrow Baga », ou « Supreme Vikings », une mafia nigériane aux méthodes ultra-violentes.
Sur le banc des prévenus ils étaient treize lundi à l’ouverture du procès, treize hommes âgés de 22 à 37 ans, dont dix comparaissent détenus. Ils formaient la hiérarchie marseillaise des Arrow Baga, ex-fraternité étudiante décrite par le juge d’instruction comme « une organisation criminelle hiérarchisée et structurée, avec ses règles et ses rites, ses artifices et ses accessoires ».
Une dizaine de femmes prostituées de force
Parmi eux, deux chefs successifs des Arrow Baga à Marseille, une fonction intitulée « Doctor One ». Un troisième, échappé en Italie, est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Face à eux, côté parties civiles, une dizaine de jeunes femmes, prostituées de force et violées, et deux associations.
Identifiables à leurs tenues rouges, les Arrow Baga sont aujourd’hui largement implantés dans la deuxième ville de France, comme leurs compatriotes et ennemis des Blacks Axes (les noirs) ou des Eiyes (les Bleus).
Ces groupes criminels nigérians tirent notamment leurs profits de la prostitution. Après avoir traversé la Libye puis l’Italie, guidées par le mirage d’un travail ou d’une formation, de jeunes Nigérianes se retrouvaient contraintes, à leur arrivée en Europe, de rembourser des dizaines de milliers d’euros à leur « Madame », une ancienne prostituée devenue mère maquerelle.
Pour les soumettre, leurs proxénètes utilisent la crainte du « djoudjou », un rite exercé au Nigeria, avec la menace de représailles sur leurs familles. Mais il y a aussi l’arme du viol, voire du viol aggravé par l’usage d’armes. Des faits qui devraient relever de la cour d’assises mais que le juge d’instruction, en accord avec les victimes, a choisi de correctionnaliser en agressions sexuelles.
Des violences aussi contre les hommes
Fin mars 2020, alors que le confinement maintient les prostituées dans leurs appartements de la cité du Parc Corot, une des pires copropriétés dégradées de Marseille, vingt membres des Arrow Baga font irruption au domicile de quatre d’entre elles. Durant deux heures, ils vont les violer et leur dérober des centaines d’euros, sous la menace de couteaux et d’un pistolet.
Mais la violence s’exerce aussi contre les hommes, pour les contraindre à adhérer au gang (« cult ») ou à ne pas le quitter. L’un des prévenus, « J-Boy », a ainsi été puni par les « germans », les membres du gang. « Je ne voulais plus les suivre dans leurs activités de bagarre, d’attaques au couteau, de vol d’argent, alors ils m’ont coupé aux poignets avec une machette », a-t-il raconté aux enquêteurs.