27/04/20
Vendredi 24 avril au matin, Me Thierry Chauvin à travers un communiqué envoyé à notre rédaction a souhaité expliquer les raisons de sa démission des fonctions de bâtonnier du barreau de la Drôme : “Le 21 avril dernier, j’ai informé mes confrères que je mettais un terme à mon mandat de bâtonnier. Cette décision est naturellement le fruit d’une longue réflexion mais également de divers sentiments dont j’ai réservé les plus intimes à mes confrères. Pourtant, c’est une tribune écrite par neuf avocats et parue dans une revue juridique le 13 avril qui m’a définitivement convaincu que je ne pouvais plus poursuivre ma mission. Cette tribune se conclut de la façon suivante : « Cet homme-là, Abdallah Ahmed-Osman, est l’un des nôtres. Il nous ressemble. Nous sommes faits de la même chair, des mêmes os et le même sang que le vôtre coule dans ses veines. C’est notre frère.”
Et de poursuivre: “Deux de mes prédécesseurs ont applaudi à cette tribune, ils s’en revendiquent. Cinq bâtonniers de la Conférence régionale à laquelle le barreau de la Drôme participe m’ont écrit pour m’indiquer que cette même tribune était le reflet exact de leur pensée. J’ai certainement employé des mots durs à son égard, mais le terroriste présumé ne sera jamais mon frère, jamais ! Dès lors, comment pourrais-je continuer à exercer ma fonction auprès de confrères qui, d’un côté, s’érigent en grands moralisateurs et, de l’autre, insultent la mémoire des victimes et de leur famille. Tout cela n’avait plus aucun sens. En écrivant de tels propos ou en les approuvant, notre profession se discrédite. Je ne pouvais plus en être l’un de ses représentants.”
25/04/20
Attaque de Romans-sur-Isère et propos polémiques : le bâtonnier Thierry Chauvin explique les raisons de sa démission
Après l’attaque au couteau à Romans-sur-Isère, qui a fait 2 morts et 5 blessés le 4 avril dernier, le bâtonnier de la Drôme Thierry Chauvin avait tenu des propos jugés “indignes” par nombre de ses confrères. La polémique qui a suivi l’a conduit à démissionner. Il s’explique.
Sa décision fait suite à la polémique qui a commencé le 4 avril dernier, lorsque le représentant des avocats drômois publiait sur Facebook (dans un groupe privé), des propos jugés choquants par certains de ses confrères. Maître Thierry Chauvin s’en prenait à l’auteur de l’attaque au couteau de Romans-sur-Isère
indiquant qu’il ne désignerait aucun avocat d’office pour le défendre et même que cet homme pouvait “crever où il veut, rien à… et, moi aussi, je pèse mes mots.”
Indignés, certains de ses pairs ont publié une tribune pour dénoncer ces propos dans une revue juridique. Une tribune qui a convaincu Maître Chauvin de mettre fin à sa mission.
[…]L’article dans son intégralité sur France 3
Ladite Tribune publiée dans son intégralité sur Dalloz:
Tribune en réaction aux propos tenus par le bâtonnier de Valence
Par Alexandre Plantevin, Agnès Bouquin, Olivier Forray, Katia Gabriel, Sarah Just, Carine Monzat, Fabrice Pothier, Sébastien Sertelon et Clémentine Vergnais
[…]Tant l’injure, la menace, l’apologie, la discrimination ou la diffamation sont des notions juridiques (et des infractions pénales…) qui puisent leur essence dans l’expression mal contenue de bouillonnements intimes.
Tant nous savons aussi que les mots ont un sens, même lorsqu’ils sont prononcés (ou écrits) dans l’entre-soi d’une conversation privée.
Ces derniers jours, ce sont quelques confrères de Valence, dont leur bâtonnier, qui ont à s’expliquer sur les échanges qu’ils ont pu avoir sur un fil de discussion Facebook, après l’interpellation de l’homme soupçonné d’avoir poignardé plusieurs passants le 4 avril dernier dans les rues de Romans-sur-Isère.
Ce sont d’abord quelques mots écrits par un élégant confrère qualifiant de « connards » ceux qui veulent assurer la défense des « sous-merde[s] du type de celui qui a tué deux personnes à Roman ce matin », ajoutant, comme pour être sûr d’avoir été bien compris, qu’il « assumait ses propos », ces « merdes n’ayant pas droit à la vie ».
Ce sont ensuite les commentaires que ces propos grossiers et haineux ont suscités.
[…][…]Nous ne cessons jamais d’être avocats.
Cet état est une charge qui nous impose et nous contraint mais pour la plus belle des missions.
Celle de défendre, d’être en première ligne aux côtés de nos semblables.
Car cet homme que vous qualifiez de mots injurieux, mes chers confrères,
Cet homme dont on sent à quel point vous voulez vous tenir éloignés, à quel point il vous répugne,
Au point de le priver de défense et même de lui en dénier le droit,
Cet homme-là, Abdallah Ahmed-Osman, est l’un des nôtres.
Il nous ressemble.
Nous sommes faits de la même chair, des mêmes os et le même sang que le vôtre coule dans ses veines.
C’est notre frère.