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L’idée d’une visite du président algérien à Paris semble se préciser selon la journaliste, toujours bien informée, Catherine Nay. Selon ces indiscrétions, l’ambassadeur de France à Alger aurait transmis au président Tebboune une nouvelle invitation de son homologue français pour venir à Paris. Gérald Darmanin, en visite à Alger en novembre, aurait confirmé cette invitation pour le printemps, sans doute après le ramadan. Cette visite envisagée en avril, puis mai, puis juin 2023 a été sans cesse repoussée. Cette insistance française ne fait que souligner l’importance qu’à Paris comme à Alger on attache à ce projet. Mais quel intérêt a la France à une telle visite ? Et quel intérêt y trouve de son côté une Algérie qui n’a cessé d’invectiver Paris ?

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D’abord, obtenir un soutien de Paris à un deuxième mandat algérien permet à Tebboune de convaincre les militaires – auxquels revient en définitive le choix du chef de l’État algérien – qu’il est le seul à pouvoir parler au président français, le seul à lui tenir tête sur les dossiers sensibles du moment et donc celui qu’ils doivent reconduire à el-Mouradia. Deuxièmement, et c’est sans doute l’essentiel, Abdelmadjid Tebboune doit obtenir de Paris que l’accord franco-algérien ne sera pas remis en cause… du moins tant qu’Emmanuel Macron sera à l’Élysée. Alors que les prétendants à la succession pour 2027, d’Édouard Philippe à Marine Le Pen en passant par Éric Ciotti et Éric Zemmour se sont tous prononcés en faveur d’une abrogation de cet accord, obtenir, gravé dans le marbre élyséen, la promesse que l’accord est structurellement lié à la relation franco-algérienne constituera en soi une formidable victoire pour le président algérien. Et pour cela, il est prêt à faire sur d’autres dossiers, quelques concessions.

Grâce à ces deux points, Tebboune pourra rentrer à Alger avec deux succès qui devraient lui faciliter la reconduction de son mandat par les « grands électeurs » algériens, c’est-à-dire le chef d’état-major et les militaires qui l’entourent aux Tagarins, siège du ministère de la Défense. Bien sûr, il s’efforcera de marquer des points sur le dossier mémoriel, bien sûr, il signera un communiqué conjoint qui célébrera le « partenariat d’exception » et il devra donner quelques miettes économiques pour faire croire à Paris que nos entreprises marquent des points. Mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, encore une fois, c’est de sauver l’accord franco-algérien de 1968, accord dont le groupe parlementaire LR demande le 7 décembre, la dénonciation, si possible l’améliorer et d’obtenir la bénédiction ou la neutralité de Paris à un deuxième mandat. Il doit impérativement le faire avant 2027, car l’avenir, après 2027, est bien incertain. C’est ça, le gagnant-gagnant vu par Alger ! Après tout, Paris vaut bien une messe ! Et après la messe, viendra, parions-le, de nouveau le temps des invectives.

Le Figaro

Merci à Vert.

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