Expert psychiatre de premier plan, le docteur Daniel Zagury étudie de près les terroristes islamistes. Selon lui, le suspect de l’attentat de Paris, samedi, ne présente en rien le profil d’un malade mental qui aurait échappé à la vigilance des médecins.
(…) il s’attache depuis plusieurs décennies à identifier les ressorts intimes qui poussent les plus grands criminels au passage à l’acte. De Guy Georges à Michel Fourniret. Ces dernières années, le Dr Zagury s’est spécialisé par la force des événements dans l’expertise psychiatrique des terroristes islamistes auxquels il consacre un chapitre dans son dernier ouvrage (« La Barbarie des hommes ordinaires », Éd. de l’Observatoire).
« Dans ma carrière, je n’ai conclu que deux fois à l’irresponsabilité pénale de terroristes dits islamistes du fait d’une abolition du discernement causée par un délire psychotique, expose-t-il. Ce sont des profils extrêmement rares. De la même manière, il n’existe quasiment plus ces dernières années de profils normaux sur le plan psychiatrique, notamment depuis la chute militaire de l’État islamique. En fait, il s’agit dans la grande majorité de sujets porteurs de troubles et de déséquilibres psychologiques, sans pour autant souffrir de maladies mentales. » (…)
« Selon les termes du jugement dont il a fait l’objet en 2018, cet homme souffre d’un trouble de la personnalité schizoïde, explique Daniel Zagury. Il est timide, en retrait, peu socialisé, très solitaire avec une difficulté à rentrer en contact avec les autres, etc… Pour autant, il ne s’agit pas d’une maladie mentale. Il n’est pas schizophrène par exemple. D’ailleurs, il n’a jamais été hospitalisé en psychiatrie. (…)
Au printemps dernier, le médecin en charge de son suivi concluait à l’absence de dangerosité sur le plan psychiatrique et à l’absence de nécessité de reprise d’un suivi médicamenteux. Une décision médicale remise en question ce lundi par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a pointé « un ratage psychiatrique ». (…)
« Cette réaction de Gérald Darmanin est absurde, franchement obscène dans le contexte très dégradé de la psychiatrie publique et très pernicieuse, réplique Daniel Zagury. (…)
« Dans les discours que j’entends depuis dimanche, j’ai l’impression que cet homme aurait rechuté dans une maladie qui serait l’islamisme radical et que la psychiatrie se serait révélée impuissante à détecter ou à guérir, poursuit le Dr Zagury. Non, en réalité, il était stabilisé sur le plan psychiatrique mais sa croyance et son idéologie mortifère, incitée et conseillée par des semeurs de haine, l’ont poussé à faire ce choix. Il a préparé son acte et il l’a revendiqué (…) »
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