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07/12/2023


05/12/2023

Ylva Johansson, Commissaire 🇪🇺, au Forum europĂ©en sur la migration : “La migration est normale et existera toujours. Il n’est pas question de l’arrĂŞter. Cela n’arrivera jamais. C’est impossible. Ce serait une catastrophe si nous le faisions”

Discours du Commissaire européen aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, au Forum européen sur la migration le 4 décembre 2023 :

Je vous remercie.

Et Ă  vous, Oliver.

C’est un plaisir d’ĂŞtre ici Ă  nouveau.

Bonjour Ă  tous.

Et je pense que le début.

Écouter l’histoire a Ă©tĂ© une vĂ©ritable source d’inspiration.

Alors, Seppe et Faeiq, je pense que cela montre vraiment qu’il ne faut jamais commettre l’erreur de sous-estimer la valeur d’une personne.

Non seulement il ne faut jamais commettre l’erreur de sous-estimer les compĂ©tences, l’ambition et l’Ă©nergie des migrants.

Et je pense que c’est aussi très bon Ă  entendre.

Vous n’aidez pas seulement les gens Ă  construire leur avenir.

Et leurs nouvelles chances.

Mais bien sûr, il y a aussi des pénuries.

Et c’est aussi ce que vous faites.

Vous crĂ©ez des possibilitĂ©s pour les gens en Belgique et dans l’Union europĂ©enne.

Et je pense que cette histoire est très inspirante.

Mais elle montre aussi que les gens ne s’intègrent jamais dans un pays ou dans l’Union europĂ©enne.

Ils s’intègrent toujours dans une communautĂ©.

Ils rencontrent des gens et c’est ainsi que les choses se passent.

C’est pourquoi la sociĂ©tĂ© civile et les partenaires sociaux sont si importants.

Les autorités locales et nationales.

C’est ainsi que nous construisons une sociĂ©tĂ© inclusive.

Je suis donc très heureux d’ĂŞtre Ă  nouveau ici, avec vous.

Le Forum européen sur la migration.

Parce que c’est vous qui faites la diffĂ©rence.

Et bien sĂ»r, j’ai hâte d’y ĂŞtre.

Je me souviens que la dernière fois, il y a eu beaucoup de bonnes idĂ©es, beaucoup de questions et beaucoup de choses sur lesquelles vous m’avez incitĂ© Ă  travailler.

Et bien sĂ»r, aujourd’hui, j’y ai pensĂ©.

J’ai travaillĂ© sur toutes ces questions.

Et je suis heureux de rĂ©pondre Ă  vos questions aujourd’hui.

J’aimerais commencer par la question suivante : comment changer le discours sur la migration ?

Vous savez, lorsque j’ai pris mes fonctions, cela faisait quatre ans.

C’Ă©tait il y a quatre ans.

La situation Ă©tait telle que l’immigration Ă©tait considĂ©rĂ©e comme toxique.

La situation était politiquement bloquée.

Surtout au sein du Conseil.

Vous en souvenez-vous ?

La question qui se posait était la suivante : comment aborder cette question pour parvenir à une situation dans laquelle nous pourrions réellement progresser et gérer les migrations ensemble ?

Et je pense que la chose la plus importante est de réaliser que la migration est normale.

Les migrations ont toujours existé.

Les migrations existeront toujours.

La migration fait partie de l’ĂŞtre humain.

Il y aura toujours des migrants.

Il n’est donc pas question d’arrĂŞter les migrations.

Cela n’arrivera jamais et c’est impossible.

Et ce serait en fait une catastrophe si nous le faisions.

Mais il s’agit de gĂ©rer les migrations.

Et je pense que c’est important.

Il ne faut pas avoir peur des migrations.

Et il est Ă©galement important de dire que toutes les migrations ne sont pas normales.

Vous avez tous vu ces images de personnes mourant sur le chemin de l’Union europĂ©enne.

Il y a quelques semaines, une petite fille est morte près de Lampedusa.

Elle n’avait que deux ans.

Le bateau Ă©tait trop petit.

Les vagues Ă©taient trop hautes.

Le bateau a chaviré.

La petite fille est tombĂ©e Ă  l’eau.

Et je pense à sa mère.

Elle a soutenu sa fille dans les hautes vagues, dans l’eau glacĂ©e.

Elle a mĂŞme rĂ©ussi Ă  sortir de l’eau pour rejoindre le rĂ©cif.

Mais sa fille avait trop froid.

A avalĂ© trop d’eau de mer.

Et même une fois secourue, elle est morte dans les bras de sa mère.

Elle est morte dans les bras de sa mère.

Et cela, nous ne pourrions jamais le considérer comme normal.

Et nous ne devrions jamais considérer comme normaux les passeurs qui ont fait monter cette petite fille dans ce bateau.

Sachant très bien ce qui pourrait arriver.

Et ils font cela pour de l’argent.

Pour le profit.

Le profit d’un passeur pour la vie de cette petite fille, c’est peut-ĂŞtre quelques milliers d’euros.

Et le prix à payer pour sa mère est sans commune mesure.

C’est pourquoi, en changeant le rĂ©cit, nous devons aussi changer de politique.

Tout d’abord, nous devons lutter contre le rĂ©seau de passeurs.

Qui devient de plus en plus sophistiqué, je dois le dire.

Et de plus en plus violent.

Violent contre les migrants.

Mais aussi contre les forces de l’ordre.

La semaine dernière, j’ai prĂ©sentĂ© de nouvelles propositions de lois europĂ©ennes contre le trafic de migrants.

Pour cibler les passeurs.

Mais jamais les migrants.

Il faut cibler en particulier les meneurs et les patrons.

Nous devons aller plus haut dans la hiérarchie des groupes criminels organisés.

Parce qu’ils font partie des groupes criminels organisĂ©s internationaux. Ces rĂ©seaux de passeurs.

Nous avons proposĂ©, j’ai proposĂ©, une nouvelle lĂ©gislation.

Avec des peines plus sévères.

Plus le crime est grave, plus la peine est sévère.

Au moins 10 ans de prison pour les criminels organisés.

15 ans en cas de décès.

Et cela inclut Ă©galement des principes d’extension de la juridiction.

Lorsqu’un bateau se trouve dans les eaux internationales.

Mais aussi pour pouvoir punir les passeurs lorsqu’ils agissent de la sorte,

mĂŞme s’il se trouve dans les eaux internationales et qu’il se dirige vers un État membre.

La semaine dernière, j’ai Ă©galement prĂ©sidĂ© la confĂ©rence mondiale sur la lutte contre le trafic de migrants.

Nous y avons lancé une alliance mondiale contre le trafic de migrants.

C’Ă©tait très intĂ©ressant parce que nous avons lancĂ© cette initiative et nous avons invitĂ© les participants dans un dĂ©lai très court.

Et nous avons eu plus de 400 participants.

57 pays.

La plupart d’entre eux au niveau ministĂ©riel.

Cela signifie que de nombreux pays du monde entier ont compris que les rĂ©seaux de passeurs sont liĂ©s les uns aux autres et qu’ils doivent travailler ensemble.

Vous souvenez-vous du naufrage d’un navire Ă  l’extĂ©rieur de Pylos, sur la cĂ´te grecque ?

600 personnes ont fait naufrage avec ce navire.

La plupart d’entre elles Ă©taient pakistanaises.

C’est pourquoi nous devons travailler avec les pays d’origine et de transit.

Pour s’assurer que les gens ne perdent pas la vie.

Il faut un réseau pour combattre un réseau.

Et c’est ce que nous sommes en train de construire.

Vous avez Ă©galement demandĂ© aujourd’hui comment nous pouvons mieux protĂ©ger les personnes vulnĂ©rables.

Les mineurs non accompagnés, par exemple, contre la traite.

C’est Ă©galement une très bonne question.

Près de la moitiĂ© des victimes de la traite des ĂŞtres humains viennent de pays extĂ©rieurs Ă  l’UE.

Et elles sont principalement victimes de la traite Ă  des fins sexuelles.

La police européenne prend des mesures efficaces contre les trafiquants.

En février, 200 victimes de la prostitution forcée ont été secourues.

L’action de la police, soutenue par Europol, a permis de dĂ©manteler un rĂ©seau international de trafic sexuel.

Nous disposons d’un coordinateur de la lutte contre la traite des ĂŞtres humains, qui travaille en collaboration au sein de l’UE.

Nous avons dĂ» empĂŞcher un trafic massif de rĂ©fugiĂ©s en provenance d’Ukraine.

Lorsque nous avons vu toutes ces femmes et ces enfants ukrainiens entrer dans l’UE, je me souviens d’avoir Ă©tĂ© sur place la première semaine.

Je me souviens d’avoir Ă©tĂ© prĂ©sente la première semaine pour les rencontrer aux frontières.

Fatigués, effrayés, épuisés.

Tellement vulnérables.

Et beaucoup de gens Ă©taient lĂ  pour les accueillir.

Mais, bien sĂ»r, il y avait aussi le risque que certains d’entre eux soient lĂ  pour d’autres raisons.

En essayant de les piĂ©ger dans le trafic d’ĂŞtres humains.

Mais nous avons immédiatement réagi.

Europol a mis en place un plan d’action spĂ©cial.

Nous avons activé tous nos réseaux.

Et je suis heureux de dire que nous avons très, très peu de cas de victimes de la traite en provenance d’Ukraine.

C’est grâce Ă  ce travail.

Mais bien sûr, nous devons continuer à être très vigilants sur ce point.

Nous avons également présenté une proposition législative visant à renforcer la directive relative à la lutte contre la traite des êtres humains.

Par exemple, pour criminaliser l’utilisation des victimes de la traite.

Cette proposition fait actuellement l’objet de nĂ©gociations.

J’espère que nous pourrons finaliser le trilogue pendant la prĂ©sidence espagnole.

En effet, les négociations vont bon train.

Mais la meilleure façon de protéger les personnes vulnérables dans le cadre des migrations est de mettre un terme aux voyages dangereux.

Et de s’assurer que les gens ont d’autres possibilitĂ©s de venir en Europe.

Je me suis rendu deux fois à Lampedusa cet été.

J’y ai rencontrĂ© de nombreux jeunes, pour la plupart.

Je me souviens avoir rencontrĂ© un jeune homme du Tchad et une femme de CĂ´te d’Ivoire.

Ils ont tellement d’Ă©nergie.

Ils ont tellement d’Ă©nergie et d’ambition.

Ils voulaient vraiment commencer une nouvelle vie.

Ils ont marché dans le désert pendant des mois.

Et ils ont payé les passeurs pour ce voyage très dangereux auquel ils ont survécu.

Cela n’a aucun sens.

Nous avons de nombreux besoins.

Nous avons besoin de compétences.

Nous avons besoin de l’immigration.

Nous ne devrions pas ĂŞtre dans une situation oĂą les gens doivent risquer leur vie pour venir ici.

Nous avons donc besoin d’un changement radical : nous devons empĂŞcher les dĂ©parts irrĂ©guliers.

Lutter contre les passeurs.

Et investir dans les moyens lĂ©gaux et sĂ»rs d’entrer dans l’Union europĂ©enne.

C’est le grand changement que nous devons opĂ©rer.

Et vous savez tous que si les migrants n’allaient pas faire leur travail demain, nous serions tous totalement bloquĂ©s.

Car nous dépendons vraiment des migrants.

Dans le pays d’oĂą je viens, par exemple, 35 % des mĂ©decins sont issus de l’immigration.

15 % des infirmières.

Et les besoins ne cessent de croître.

C’est pourquoi nous avons Ă©galement prĂ©sentĂ© de nouvelles propositions visant Ă  amĂ©liorer les voies d’accès lĂ©gales.

Tout d’abord, il y a bien sĂ»r les rĂ©fugiĂ©s.

Je présenterai les chiffres la semaine prochaine.

Mais je peux dire qu’il n’y a pas de baisse.

C’est donc une bonne chose.

Mais nous devons Ă©galement investir dans les voies lĂ©gales de migration de la main-d’Ĺ“uvre.

L’annĂ©e dernière, 3,5 millions de migrants sont entrĂ©s illĂ©galement dans l’UE.

3,5 millions.

Ce n’est pas rien.

1,2 million d’entre eux Ă  des fins de travail.

Et ce chiffre est en augmentation. Il augmente maintenant très rapidement.

J’ai donc proposĂ© de crĂ©er une rĂ©serve de talents de l’UE.

De quoi s’agit-il ?

Si vous connaissez Eures, c’est un peu la mĂŞme chose.

Mais cette rĂ©serve est destinĂ©e aux personnes extĂ©rieures qui souhaitent venir travailler dans l’UE.

Et pour les employeurs qui ont des postes Ă  pourvoir.

Pour que les employeurs puissent publier leurs offres d’emploi, nous aurions les mĂŞmes exigences que pour Eures.

Il s’agirait Ă©galement de s’assurer que seuls des employeurs sĂ©rieux sont prĂ©sents.

Il serait important que nous aidions également à ne pas dépendre de ces intermédiaires.

Je dois dire qu’ils sont parfois proches des criminels.

Ils prĂ©tendent aider les gens Ă  trouver un emploi dans l’UE.

Mais parfois d’une manière très dangereuse et coĂ»teuse.

VoilĂ  donc ce que nous avons mis en place et ce que je propose maintenant.

Nous investissons Ă©galement dans ce que nous appelons les partenariats de talents.

Nous avons maintenant des partenariats de talents avec l’Égypte, le Maroc, la Tunisie.

Nous le lancerons bientĂ´t avec le Bangladesh et le Pakistan.

J’ai organisĂ© une confĂ©rence ministĂ©rielle la semaine dernière.

Des États membres se sont également engagés à investir davantage dans ce volet du partenariat pour les talents.

Qu’est-ce que le partenariat pour les talents ?

Pourquoi l’UE investit-elle dans la formation ?

Il peut s’agir d’une formation linguistique, d’une formation professionnelle avant que les personnes ne viennent travailler dans l’Union europĂ©enne.

Nous faisons cela pour mieux gĂ©rer la situation globale de l’immigration.

Ces cinq pays dans lesquels nous investissons aujourd’hui pour Ă©largir les voies d’accès lĂ©gales sont Ă©galement des pays dans lesquels nous avons eu l’annĂ©e dernière des difficultĂ©s Ă  trouver un emploi.

Ce sont aussi des pays oĂą nous avons pris l’an dernier 100 000 dĂ©cisions de retour.

Il s’agit de personnes en sĂ©jour irrĂ©gulier qui doivent retourner dans leur pays d’origine.

C’est donc le changement que nous devons opĂ©rer.

Nous devons nous assurer que nous ouvrons également les voies légales vers les mêmes pays.

La dernière chose que je voudrais mentionner est que cela fait trois ans et demi que j’ai prĂ©sentĂ© un nouveau pacte sur les migrations et l’asile.

Cela a été un long voyage pour y travailler.

Mais aujourd’hui, nous sommes dans une situation oĂą la confiance a Ă©tĂ© rĂ©tablie.

Et nous sommes très proches du mandat de négociation pour toutes les parties du pacte.

Il s’agit de 11 dossiers lĂ©gislatifs.

Cinq d’entre eux sont dĂ©jĂ  clĂ´turĂ©s.

Et nous en sommes maintenant aux trilogues pour les derniers.

Bien sĂ»r, c’est difficile.

Je dois le dire. Bien sûr, cela peut encore être un échec.

Mais je ne pense pas que ce soit le cas.

Je pense que nous y arriverons.

Et peut-être déjà avant Noël.

C’est possible.

Mais comme toujours, quand on est le dernier à négocier.

C’est un drame.

Et les gens diront que ça ne va pas marcher.

Et j’ai mes lignes rouges.

Et cela ne marchera pas, etc.

Mais je suis optimiste et je pense que nous aurons cinq trilogues jeudi.

Et oui, nous sommes vraiment proches de pouvoir disposer d’un système d’immigration et d’asile europĂ©anisĂ©.

Ce système met davantage l’accent sur la protection des droits des personnes.

Et des personnes vulnérables.

Une meilleure gestion des migrations.

Et dans la législation, la fixation de normes.

La solidarité entre les États membres.

Et le partage équitable des responsabilités.

Il s’agit donc d’un enjeu de taille.

Et il est très intĂ©ressant de constater que, dans le mĂŞme temps, nous assistons Ă  une rhĂ©torique d’extrĂŞme droite, anti-migratoire et xĂ©nophobe.

Dans le mĂŞme temps, il semble possible de finaliser.

De conclure un accord qui, bien sûr, ne sera pas parfait, mais qui sera bien meilleur que la situation actuelle.

Mais qui sera bien meilleur que la situation actuelle.

Et qui montre Ă©galement qu’en tant que citoyens europĂ©ens, nous pouvons gĂ©rer l’immigration ensemble.

Nous pouvons gĂ©rer l’immigration ensemble.

Je vous remercie de votre attention.

Commission européenne

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