Attentat de Paris : « L’action du terroriste Armand Rajabpour-Miyandoab n’est pas religieuse, mais “militante” avant tout » (…) L’islamologue Bernard Godard, ancien fonctionnaire des renseignements généraux, déplore, dans une tribune au « Monde », une « lecture religieuse » de l’attaque du 2 décembre dans le quartier de la tour Eiffel.
L’attentat accompli par Armand Rajabpour-Miyandoab à proximité de la tour Eiffel implique tous les registres qui ont trait à ce que l’on définit comme la « radicalisation ». Originaire d’une famille née dans le monde chiite, mais visiblement éloignée de la religion, il a ainsi proclamé son allégeance à une faction de Daech de la « province du Khorassan », afghane, sunnite et persanophone. On évoque aussi à son sujet la taqiya, la « dissimulation », expression chiite dont on étend injustement l’usage au monde sunnite, qu’aurait opérée ce terroriste pour déjouer les surveillances. Autant de termes du débat public qui traduisent une certaine obsession pour une lecture religieuse du parcours d’Armand Rajabpour-Miyandoab, minimisant des versants bien plus importants. (…)
Au point que, du côté musulman, il est courant aujourd’hui de se considérer comme musulman « naturel », en particularité parmi les jeunes générations. La dimension proprement religieuse, telle que la stricte observance rituelle, devient presque secondaire. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que certains, mus par un sentiment identitaire, se sentent davantage motivés par des causes humanitaires musulmanes : en Birmanie avec les Rohingya, en Chine avec les Ouïgours ou à Gaza avec les Palestiniens, d’où les photos d’enfants victimes de l’armée israélienne émeuvent toute la planète. (…)
(Merci à Jeanne.)