Sa manière d’agir était rodée. En général, Johan M. abordait ses modèles dans la rue ou dans le métro. Ce recruteur de mannequins savait ensuite nouer une relation de confiance avec ces jeunes filles dont certaines étaient mineures, avec l’assentiment de leurs parents. Il les incitait ensuite à s’installer dans l’un de ses logements parisiens, officiellement pour mieux se former à la pratique du métier. Un encadrement qui se transformait rapidement en emprise sur des personnes fragiles, car très jeunes et prêtes à tout pour exercer le métier de leurs rêves.
Cette collaboration débouchait très régulièrement sur des attouchements sexuels ou des relations sexuelles que ces apprenties modèles ont fini par dénoncer à la justice en évoquant des rapports non désirés.
[…]Après les avoir accueillies chez lui, il les incitait à se couper progressivement de leurs familles.
Les plaignantes décrivent aussi un homme qui pouvait se montrer humiliant, faisant de très nombreuses remarques sur leur poids. Il lui arrivait aussi de refuser des contrats au profit de ces femmes dont il était censé gérer les intérêts, au prétexte qu’elles n’étaient jamais assez prêtes. De nombreuses témoins ont assuré n’avoir jamais gagné le moindre centime, même durant des collaborations qui se sont étalées sur plusieurs années.
[…] Avec le recul, ce Gabonais arrivé en France à l’âge de 12 ans a simplement reconnu un manque de discernement dans son comportement. […]Elles étaient, depuis la sortie du collège, sous son emprise. Le conditionnement, le lavage de cerveau : toutes ont raconté à la brigade de protection des mineurs (BPM) ce que leur avait fait vivre Johan M., 39 ans, leur agent. Un « scout », dans le jargon. Comment il les avait abordées dans des lieux publics ou dans la rue alors qu’elles avaient, pour certaines, 14 ou 15 ans ; comment il avait su les convaincre qu’il ferait d’elles de futurs mannequins ; comment il avait séduit leurs parents, au départ frileux de laisser leurs enfants entre les mains d’un inconnu, avant de céder devant les rêves des jeunes filles.
[…]